Un hôpital ontarien a interrompu cette semaine les interventions chirurgicales sur les amygdales et les végétations adénoïdes après la mort de deux enfants. Une situation tragique qui survient généralement dans 1 cas sur 20 000. Or, depuis la pandémie, Québec innove avec une nouvelle intervention réduisant grandement les risques de complications.

Que s’est-il passé en Ontario ?

L’Hôpital McMaster pour enfants en Ontario a suspendu les interventions chirurgicales programmées sur les amygdales et les végétations adénoïdes pour les patients de moins de 18 ans, après deux décès d’enfants. L’un d’entre eux est mort le lendemain de son opération et le second, neuf jours après l’intervention. Les causes exactes de leur mort demeurent inconnues. L’établissement a annoncé entreprendre une révision complète de son programme pédiatrique pour les opérations des amygdales et des végétations adénoïdes, par des experts externes. Seules les opérations pédiatriques d’urgence des amygdales et des végétations adénoïdes seront réalisées.

Des complications sont-elles déjà survenues au Québec ?

Chaque année au Québec, plus de 5000 opérations sont réalisées chez les enfants. Environ 5 % des patients saignent après l’opération, ce qui nécessite parfois un retour à l’hôpital. La plupart des saignements surviennent de 7 à 10 jours après l’opération, indique l’Hôpital McMaster. « Malheureusement, l’amygdalectomie peut entraîner des décès. C’est rare. C’est de l’ordre de 1 sur 20 000 », dit le chef de la chirurgie de l’Hôpital de Montréal pour enfants, le DSam Daniel. Moins de 10 enfants sont morts d’une complication liée à cette intervention chirurgicale depuis 25 ans au Québec. À la suite de la mort de la petite Jade El Rhaib, en 2017, à l’âge de 6 ans, le coroner Steeve Poisson recommandait au ministère de la Santé et des Services sociaux d’allouer les ressources nécessaires afin de développer et d’implanter une autre technique d’amygdalectomie.

En quoi consiste cette nouvelle technique ?

Avec la méthode traditionnelle appelée extracapsulaire, « on enlève tout le tissu des amygdales », y compris celui qui se trouve contre le muscle, ce qui augmente le risque de saignement. La nouvelle technique, appelée amygdalectomie intracapsulaire ou partielle, utilise une sonde chaude pour retirer l’amygdale sans toucher les muscles autour, explique le DSam Daniel. La technique innovante réduit le risque de complications graves, comme une hémorragie ou un décès. Des études révèlent que seulement 0,29 % des enfants reviennent à l’hôpital en raison de complications. Il existe toutefois un risque que l’amygdale repousse, ce qui peut nécessiter une deuxième intervention. Cette situation se produit très rarement, précise le DDaniel.

La guérison est-elle la même ?

Cette nouvelle technique accélère également la guérison, indique le DLuc Monette, chirurgien ORL de Gatineau et président de l’Association d’oto-rhino-laryngologie et de chirurgie cervico-faciale du Québec de 2018 à 2022. « Les enfants peuvent avoir une diète normale dès le lendemain matin, au lieu de manger une diète molle et froide pendant 10 à 14 jours », dit-il. Les enfants peuvent également retourner à l’école et faire du sport cinq jours après l’opération, plutôt que deux semaines plus tard.

Cette option est-elle répandue au Québec ?

Le DDaniel a réalisé la première intervention au Québec en 2019 à l’Hôpital de Montréal pour enfants chez une fillette de 9 ans. Le DNeil Bateman du Royaume-Uni, une sommité dans le domaine, était présent pour s’assurer du bon déroulement de l’opération. La même année, le DMonette a commencé à utiliser cette manière de procéder en Outaouais. Aujourd’hui, environ 80 % des centres hospitaliers possèdent les sondes nécessaires pour exercer l’opération, indique le DMonette. « Présentement, le Québec est innovateur. On est la province qui a le plus de centres hospitaliers avec cette technique-là. »