Aucun patient Nord-Côtier ne sera transféré en dehors de la région comme cela risquait de se produire dès dimanche prochain. À minuit moins une, le CISSS de la Côte-Nord annonce l’arrivée de renforts pour pallier le manque de main-d’œuvre créé par les nouvelles règles encadrant le recours aux agences de placement.

« Les Nord-Côtiers vont demeurer sur la Côte-Nord », a déclaré la PDG du CISSS de la Côte-Nord, Manon Asselin, lors de la séance publique du conseil d’administration de l’établissement mercredi.

Le CISSS a réussi à recruter d’urgence une cinquantaine de personnes, dont 36 préposés aux bénéficiaires et 5 infirmières, a-t-elle expliqué. Du personnel et des gestionnaires du CISSS mettront également les bouchées doubles dans les prochains jours.

Sept employés de l’Institut de cardiologie et de pneumologie de Québec (IUCPQ) et une vingtaine en provenance du CIUSSS de l’Est-de-Montréal sont également attendus pour prêter main-forte dans les prochains jours.

Résultat : la fermeture appréhendée d’une quarantaine de lits d’hospitalisation à l’hôpital Le Royer de Baie-Comeau et à l’hôpital de Sept-Îles a finalement pu être annulée. Même chose aux urgences de Forestville et des Escoumins, qui pourront rester ouvertes de nuit.

Selon nos informations, le début du transfert de patients de la Côte-Nord vers d’autres établissements du réseau devait s’amorcer mercredi.

Une solution temporaire

Mais cette solution semble bien temporaire alors que le CISSS cherche toujours 36 infirmières et 80 préposés aux bénéficiaires pour répondre aux besoins futurs. « C’est sûr que ça demeure fragile et ça se pourrait qu’on ait à faire des transferts dans les prochaines semaines d’ici si on n’est pas capables d’obtenir nos seuils optimaux », a admis Manon Asselin.

Le ministre de la Santé, Christian Dubé, a confirmé mercredi plancher sur « d’autres solutions à l’heure actuelle ». Le coordonnateur de l’accès, Michel Delamarre, nommé par Québec à l’automne 2023, lors de la crise des urgences, s’est rendu sur la Côte-Nord « afin de soutenir au maximum les équipes sur place et d’accélérer la mise en place des solutions ».

« Tout n’est pas réglé, mais les solutions mises en place commencent à porter fruit. Elles ont permis de pourvoir des postes et d’éviter le transfert de patients vers d’autres régions », a-t-il ajouté plus tard en soirée, dans une déclaration sur X.

Mercredi, la situation continuait d’évoluer d’heure en heure sur la Côte-Nord, nous a-t-on indiqué. Les patients auraient pu être déplacés en ambulance ou par la voie aérienne, avec le service d’évacuation médicale, l’ÉVAC.

La région ayant des liens naturels avec la Capitale-Nationale pour l’obtention de services et soins de santé, le CHU de Québec – Université Laval a indiqué à La Presse qu’il était « mobilisé en solidarité ».

« Nous travaillons présentement en étroite collaboration avec les différentes équipes sur le terrain. Nous avons déjà des volontaires qui ont manifesté leur intérêt et nous poursuivons nos efforts afin d’apporter une aide significative à nos collègues », écrit l’établissement.

Une « crise précipitée »

L’entreprise Paraxion, qui offre un service ambulancier sur la Côte-Nord, a également confirmé avoir reçu « la demande d’ajouter des ressources supplémentaires à des points de service bien précis pour permettre une couverture optimale ».

« Depuis déjà quelques jours, nous collaborons de façon étroite et active [avec le CISSS de la Côte-Nord] afin de convenir d’un plan permettant de maintenir le filet de sécurité de la population ».

Une vingtaine de médecins ont tiré la sonnette d’alarme plus tôt cette semaine dans une lettre transmise à La Presse. Ils accusaient le gouvernement Legault de plonger le réseau de la santé « dans une crise précipitée » et « sans précédent ».

En cause : une vaste réorganisation du CISSS de la Côte-Nord pour pallier le départ d’employés d’agences privées de placement. Des départs dus à l’entrée en vigueur d’un premier contrat mammouth venant limiter le recours aux agences de placement à travers le réseau de la santé.

Depuis le 14 avril, Québec plafonne les tarifs payés aux agences par titres d’emploi. Le gouvernement a aussi resserré des règles entourant l’attribution des contrats de gré à gré. Cela laisse peu de marge de manœuvre aux établissements de régions éloignées, comme le CISSS de la Côte-Nord, où la dépendance aux agences est énorme.