(Québec) Appelé à commenter l’échec des pourparlers avec la Fédération interprofessionnelle de la santé (FIQ), le ministre de la Santé, Christian Dubé, a fait savoir mardi que ses objectifs en matière de mobilité du personnel « n’ont pas changé ».

« Ce qu’on veut, c’est une certaine flexibilité pour être capable de bien servir nos patients et avoir un environnement correct pour nos employés », a déclaré M. Dubé lors de l’étude des crédits budgétaires de son ministère.

Le porte-parole de Québec solidaire (QS) en santé, Vincent Marissal, venait d’affirmer que la négociation avec la FIQ « a cassé à l’endroit précis où vous vouliez que ça passe, c’est-à-dire la mobilité, c’est ça qui bloque ».

« Pas besoin d’être Nostradamus. Il s’agit d’avoir deux-trois contacts pour savoir que ça ne passait pas en particulier dans les milieux urbains », a lancé l’élu de QS.

Il a ensuite demandé à M. Dubé ce qu’il comptait faire, dans la mesure où les enjeux de mobilité ont déjà causé « tout un brouhaha » avec la démission de 200 travailleurs de la santé en Mauricie.

« Revenez-vous avec ça ? C’est un “deal breaker”, une condition sine qua non pour vous ? » a-t-il voulu savoir.

M. Dubé a répondu que ses objectifs en matière de mobilité de la main-d’œuvre « n’ont pas changé » et qu’il allait laisser le temps à la FIQ d’analyser les résultats de son vote, « parce que ça n’a pas voté de la même façon partout ».

Rejet à 61 %

Vendredi dernier, les membres de la FIQ ont voté à 61 % contre l’entente de principe qui avait été conclue avec le gouvernement pour le renouvellement de leur convention collective.

Après plus de 15 mois de négociations, le nœud gordien était celui de la flexibilité exigée des infirmières. Les employeurs voulaient pouvoir déplacer les infirmières d’unité de soins, voire d’établissement de santé, selon leurs besoins.

Publiquement, les ministres du gouvernement Legault affirmaient que de tels déplacements seraient volontaires, mais la FIQ soutenait que les déplacements volontaires étaient déjà permis dans les conventions collectives.

Elle reprochait donc aux employeurs de vouloir en vérité imposer des déplacements forcés, sans tenir compte de l’expertise et de l’expérience des infirmières.

Près de 66 000 professionnels en soins sur une possibilité de 80 000 ont exercé leur droit de vote.

Pour la présidente de la FIQ, Julie Bouchard – qui avait recommandé de voter en faveur de l’entente de principe – « le message ne peut pas être plus clair » que cette entente est insatisfaisante pour les membres.

« On ne bougera pas », dit LeBel

Il n’empêche que le gouvernement ne « bougera pas sur les objectifs de souplesse », a affirmé mardi la présidente du Conseil du trésor, Sonia LeBel, lors d’une mêlée de presse à l’Assemblée nationale.

« Ce qui est important de comprendre, c’est que notre contexte ne changera pas, c’est-à-dire que les demandes objectives de souplesse vont demeurer. On a réussi à s’entendre avec le front commun là-dessus, donc je pense qu’on est capable.

« C’est important d’avoir une certaine mobilité dans le réseau parce qu’on doit être capable d’avoir toute la couverture de services nécessaire.

« Ceci étant dit, on va s’assurer de voir quels sont les enjeux particuliers, parce que dans l’entente, il y avait des balises, il y avait des endroits pour rassurer les infirmières qui étaient à la satisfaction de la FIQ », a-t-elle souligné.