(Montréal) La première clinique de santé familiale adaptée pour les besoins autochtones à Montréal a officiellement ouvert ses portes vendredi matin.

Ce projet, qui a été amorcé en 2021, est porté par Montréal Autochtones afin d’assurer le déploiement et la pérennité d’une offre de services de santé et services sociaux adaptés à l’identité et aux particularités de la clientèle autochtone qui se trouve dans la région métropolitaine.

L’annonce de l’ouverture a été faite vendredi par le ministre de la Santé, Christian Dubé, et le ministre responsable des Relations avec les Premières Nations et les Inuit, Ian Lafrenière.

M. Dubé s’est réjoui que la nouvelle clinique favorise l’aspect de proximité pour offrir des soins de premières lignes. « On ne demande pas à la personne qui arrive à la clinique si elle est inscrite à un médecin de famille ou si elle a appelé le 811. On lui dit :’’quel est ton besoin ?’’, et en fonction du besoin, on va t’aider à aller trouver la bonne personne.

« Ce concept de proximité de première ligne, on est en train de le requestionner. […] L’exemple de la clinique fait partie de cette vision », a mentionné M. Dubé.

La clinique a pour but d’améliorer l’accès à des services de première ligne « culturellement sécurisants pour la population autochtone urbaine de Montréal en complémentarité avec les services publics existants ».

Des intervenants sociaux, appelés navigateurs, vont s’assurer que la personne autochtone a eu un service adéquat en fonction de ses besoins, un peu comme un service d’après vente, illustre M. Dubé.

La région métropolitaine de Montréal compte plus de 35 000 personnes d’origine autochtone, dont 13 000 sur l’île. Il s’agit de l’une des plus grandes communautés autochtones du Québec en milieu urbain.

« Plus de la moitié des membres des Premières Nations et des Inuits ne vivent pas en communauté, ils vivent en milieu urbain, a indiqué le ministre Lafrenière. C’est pour cela que la clinique qu’on annonce aujourd’hui, elle fait tout son sens. À Montréal, c’est plusieurs milliers de personnes qui y vivent, qui y gravitent, qui sont de passage. Ça prend des services qui sont culturellement adaptés. Ça veut dire d’avoir des navigateurs, de bien les accueillir, de faire en sorte que le système répond à leurs besoins et non qu’ils répondent aux besoins du système. »

L’espace de soins de Montréal s’ajoute aux sept autres cliniques de santé culturellement sécurisantes déjà en place dans la province. D’autres projets de ce type seraient déjà dans les cartons et des annonces pourraient avoir lieu prochainement, a fait savoir M. Lafrenière.

La clinique de santé de Montréal offrira différents services de première ligne avec une attention particulière portée à la prévention. Les professionnels de la santé qui y travailleront sont formés aux réalités et besoins des communautés autochtones.

« On espère être capable de former du personnel médical qui est autochtone. On peut devenir une porte d’accès pour des stages ou différents niveaux d’implication ainsi que d’autres praticiens allochtones qui veulent découvrir comment mieux faire leur pratique », a déclaré Philippe Meilleur, directeur général de Montréal Autochtone.

Durant son allocution, M. Meilleur a souligné que « pendant trop longtemps » la communauté autochtone a été confrontée à des expériences de discrimination et de racisme.

« Cette négligence a permis des situations inhumaines comme ce que Joyce Echaquan a vécu durant ses dernières minutes, a-t-il affirmé. Ces traumatismes collectifs et intergénérationnels ont creusé un fossé de méfiance poussant trop souvent nos gens à éviter les structures de soins traditionnels. »

Il a fait valoir l’importance d’un projet comme celui de la nouvelle clinique de santé adaptée aux réalités autochtones, qui permettra de renverser les impacts négatifs vécus par des générations.

Les « membres-patients » pourront être suivis par une équipe médicale composée de médecins de famille et d’infirmières issus de la Clinique universitaire de médecine de famille (GMF-U) de Verdun.

Les locaux de la clinique, situés sur la rue Saint-Jacques, sont constitués de deux salles d’examen et trois pièces polyvalentes qui peuvent servir pour différents types de consultation.

La pièce maîtresse qui rend ce lieu unique, appelé la « salle cèdre », est composée de plusieurs fauteuils avec des murs en bois. Elle servira entre autres pour les personnes issues des communautés autochtones qui désirent être accompagnées par un gardien du savoir. Il est aussi possible d’y faire plusieurs cérémonies et des pratiques de bien-être traditionnelles — une aération adaptée a été installée.

D’autre part, M. Meilleur a dit avoir entrepris des démarchages avec la DPJ pour faire reconnaître la clinique dans le cadre de la loi de la protection de la jeunesse. « On veut assurer la culture des enfants et le bien-être de la famille », a précisé M. Meilleur.

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