Certaines infirmières praticiennes spécialisées en soins de première ligne pourront commencer dès la semaine prochaine à prendre en charge les personnes qui s’inscrivent au guichet d’accès à un médecin de famille.

C’est ce qu’a annoncé jeudi le ministre de la Santé, Christian Dubé, qui a présenté ce changement comme une façon d’offrir aux Québécois un meilleur accès à un professionnel de la santé.

« On est dans la bonne direction. Je pense que ça valorise beaucoup le métier d’infirmière de façon générale, particulièrement pour les infirmières spécialisées, mais aussi pour accélérer l’accès pour les Québécois », a-t-il soutenu en mêlée de presse à l’Assemblée nationale.

Actuellement, seuls les médecins peuvent prendre en charge les personnes qui s’inscrivent au guichet d’accès à un médecin de famille.

À partir de lundi prochain, les infirmières praticiennes spécialisées (IPS) en soins de première ligne qui travaillent dans les 11 cliniques IPS actuellement ouvertes pourront aussi le faire. Et ultérieurement, le gouvernement compte étendre cette mesure à l’ensemble des milieux de pratique des IPS.

Québec estime qu’à terme, plus de 1000 IPS pourront prendre en charge des patients, « ce qui va bonifier significativement l’accès à des soins de première ligne pour la population du Québec ».

Selon le ministre Dubé, les patients qui s’inscrivent au guichet d’accès à un médecin de famille et qui sont dirigés vers une IPS n’ont pas à craindre de recevoir des soins de moins bonne qualité, puisque « 95 % des cas qui sont présentés devant une infirmière spécialisée n’ont pas besoin d’un médecin ».

« J’appelle ça les petits bobos de tous les jours. Je ne veux pas être réducteur, mais 95 % des cas n’ont pas besoin d’un médecin », a-t-il mentionné, rappelant que les IPS font déjà la majeure partie du travail auprès de ces patients.

Les IPS sont des infirmières qui possèdent au moins deux ans d’expérience et qui ont complété une maîtrise en sciences infirmières et obtenu un diplôme complémentaire en sciences médicales.

Celles qui sont spécialisées en soins de première ligne peuvent accompagner les personnes qui souffrent de maladies chroniques, comme le diabète ou l’hypertension, et traiter des problèmes de santé courants comme les otites ou les infections urinaires, entre autres.

Le ministre Dubé doit discuter plus amplement de ce changement jeudi après-midi, lorsqu’il prendra la parole à l’assemblée générale annuelle de l’Association des infirmières praticiennes spécialisées du Québec.

Pas plus de place au privé

Appelé à réagir à cette annonce, le porte-parole de Québec solidaire en matière de santé, Vincent Marissal, a dit y voir une bonne nouvelle, mais il a soulevé qu’il sera important de s’assurer que les IPS à qui l’on octroiera ces responsabilités supplémentaires ne quitteront pas le réseau pour aller travailler au privé.

« C’est une très bonne idée d’ouvrir plus largement l’entonnoir et de donner des soins avec les infirmières praticiennes : elles sont capables, elles en ont fait la preuve, elles le font déjà très bien, tant mieux. Mais si tout ça sert à incorporer davantage d’infirmières qui vont quitter le réseau public, ce sera, encore une fois, de participer à l’exode vers le privé », a-t-il prévenu.

Mais le ministre Dubé ne voit pas les choses du même œil, soulignant que les cliniques IPS sont publiques.

« Ce qu’on ouvre, ce sont des cliniques d’employés du gouvernement. Une infirmière spécialisée, elle est salariée du gouvernement. On n’a aucunement l’intention de changer ça. Le débat du privé, c’est un autre débat », a-t-il tranché.

De son côté, le porte-parole du Parti québécois en matière de santé, Joël Arseneau, a aussi salué cette annonce, mais il souhaiterait que l’on donne encore plus d’indépendance aux IPS.

« Le Québec est très, très en retard là-dessus », a-t-il fait valoir.

L’Ordre des infirmières et infirmiers du Québec a aussi accueilli « favorablement » l’annonce.