(Montréal) La liste des personnes en attente d’un don d’organe au Québec a diminué. Les nouvelles données de Transplant Québec dévoilées mercredi indiquent une progression de 17 % du nombre de personnes ayant bénéficié d’une transplantation et un nombre record de dons pour l’année 2023.

L’an dernier au 31 décembre, 853 personnes étaient inscrites sur la liste d’attente unique gérée par Transplant Québec, l’organisme qui coordonne les dons d’organes à travers la province. À pareille date en 2022, 913 personnes étaient en attente d’une transplantation d’organe.

Les statistiques montrent également que 41 personnes ont perdu la vie en attendant toujours un don d’organe, ce qui représente six personnes de moins qu’en 2022.

« Sur cette liste d’attente, il y a des gens qui sont enlevés de par leur condition médicale, donc ils sont trop malades pour être sur la liste », a déclaré en entrevue la directrice générale de Transplant Québec, Martine Bouchard.

Elle nuance toutefois que le nombre de personnes ayant eu une transplantation a également augmenté de façon considérable. « Et ça aussi ça peut avoir un effet sur le nombre de gens sur la liste d’attente », ajoute-t-elle.

Le nombre de références a augmenté de près de 35 % pour atteindre 1156 références pour dons d’organes en 2023. De ce nombre, 270 références étaient admissibles, dont 21 donneurs issus de l’aide médicale à mourir (AMM). À noter que 151 références de l’AMM n’ont pu se qualifier.

La croissance du nombre de références s’explique en partie par l’instauration des médecins coordonnateurs dans la quasi-totalité des CISSS et CIUSSS au Québec, selon Mme Bouchard. Ils travaillent avec du personnel dévoué dans les centres hospitaliers et à Transplant Québec, notamment pour donner des formations et pour identifier les personnes potentiellement donneuses.

« Forcément s’il y a plus de références, il y a plus de donneurs et plus de transplantations et il y a donc moins d’attente pour certains organes », a souligné Mme Bouchard.

Le bilan 2023 fait état d’un temps d’attente qui n’a jamais été aussi bas pour les personnes transplantées de poumons, avec une moyenne de 57 jours d’attente, et le nombre de personnes en attente d’un cœur est à son plus bas niveau depuis 10 ans, avec 32 personnes sur la liste d’attente.

Manque de ressources

Le nombre d’organes transplantés a augmenté de 20 %, notamment grâce aux 206 donneurs décédés qui ont permis de transplanter 696 organes.

« Avoir 206 donneurs, c’est un record de tous les temps. […] Le seul bémol que j’apporte, c’est que ça se fait sous pression en lien avec les ressources qui sont disponibles », a commenté Mme Bouchard.

« On ne pourra pas continuer à augmenter en pressant le jus davantage avec nos ressources qui sont étirées au maximum. »

Elle envisage que l’année prochaine il ne sera pas possible d’égaler ce record. « Je ne suis pas certaine que l’année prochaine on puisse tenir le coup avec les mêmes ressources. On le fait vraiment à bout de bras, d’où la nécessité et le plaidoyer auprès de la société québécoise et aussi auprès du gouvernement pour faire en sorte [d’avoir] une loi et tous les éléments essentiels nécessaires pour nous donner plus de leviers pour qu’on s’améliore davantage pour sauver plus de vies. »

Selon la directrice générale de Transplant Québec, bien que les indicateurs du bilan de 2023 soient encourageants, le nombre de donneurs potentiels reste encore en dessous de ce que le Québec peut atteindre.

« Concrètement, cela signifie que des personnes ayant besoin d’un organe et inscrites sur notre liste d’attente décèdent actuellement alors que nous savons que nous pouvons faire mieux », a-t-elle déclaré dans un communiqué.

Le Québec a un taux de 23 donneurs décédés par million d’habitants pour 2023, alors qu’il était de 19,7 l’année précédente. L’Ontario a un taux similaire établi à 23,1 donneurs par million d’habitants. Les données des autres provinces canadiennes pour 2023 ne sont pas encore disponibles.

Bien que le Québec se soit amélioré, il est encore loin de l’Espagne et des États-Unis en matière de dons d’organes, qui ont des taux respectifs de 48,3 et 48,6 donneurs par million d’habitants.

« Pour arriver à avoir des taux similaires à l’Espagne ou certaines juridictions aux États-Unis, il faut qu’on ait davantage de ressources dans l’ensemble de la chaîne du don et de la transplantation », a soutenu Mme Bouchard.

La région métropolitaine reste la plus performante au prorata de la population avec un taux de 26,3 donneurs potentiels pour 100 000 habitants. La Mauricie–Centre-du-Québec arrive au deuxième rang avec un taux de 19,3, suivie par la Capitale-Nationale avec un taux de 16,8.

La région du Bas-Saint-Laurent, qui avait l’un des plus faibles taux au Québec au cours des dernières années, a fait une remontée spectaculaire en augmentant de 230 % son nombre de références, atteignant un taux de 11,5 par 100 000 habitants.

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