Des paramédics ont dénoncé lundi la nouvelle directive du gouvernement leur exigeant de demeurer disponible après la fin de leur quart de travail, jusqu’à leur retour en caserne.

« On vient d’atteindre un point critique où au lieu de régler des problèmes, on met toujours de la pression sur les paramédics. Maintenant, on oblige aux [paramédics] à Montréal et Laval de rester disponibles après leur quart de travail », dit Jean Gagnon, représentant du secteur préhospitalier de la FSSS-CSN, en conférence de presse lundi matin.

La nouvelle directive, entrée en vigueur le 12 décembre, oblige les paramédics à demeurer disponibles après leur quart de travail, jusqu’à leur retour en caserne, pour les appels de priorité 0, c’est-à-dire les plus urgents. « Depuis les 30 ou 35 dernières années, c’était quelque chose qui n’existait pas à Montréal. On finissait nos quarts de travail, on s’en allait à la caserne et on laissait le véhicule à une équipe de nouveau fraîche », dit Claude Lamarche, président du Syndicat du préhospitalier de Montréal et Laval.

Dans la dernière semaine, au moins deux équipes ont été appelées à répondre à un appel après la fin de leur quart de travail, dit M. Lamarche. « On ne sait jamais à quelle heure on va rentrer à la maison. C’est rendu insoutenable pour les gens dans le secteur », dit M. Gagnon. Une paramédics de 12 ans d’expérience a d’ailleurs quitté son poste cette semaine. « Elle a remis sa démission, parce qu’elle ne pouvait pas supporter de ne pas être capable d’arriver à la garderie pour aller chercher ses enfants », dit M. Lamarche.

Les paramédics déplorent depuis de nombreuses années leurs conditions de travail et la surcharge de travail. « On n’est pas capable de faire entrer suffisamment de monde dans la profession et on n’est pas capable non plus d’en garder suffisamment pour répondre à l’augmentation des appels dans le milieu préhospitalier », dit M. Gagnon.

Du matériel contaminé

Selon la nouvelle directive ministérielle, les paramédicaux à l’extérieur de Montréal et Laval doivent être disponibles pour un nouvel appel en centre hospitalier, même si leur matériel n’est pas décontaminé ni prêt pour une nouvelle intervention.

« Vous imaginez tous les dangers que ça peut amener pour les paramédics et pour le patient », lance le vice-président à l’information, à la mobilisation et à la vie syndicale du Syndicat des paramédics et du préhospitalier de la Montérégie-CSN, Mathieu Lacombe.

Ces nouveaux protocoles illustrent à quel point le ministère est déconnecté du système préhospitalier, estime M. Lacombe. « Son seul objectif est d’essayer d’améliorer les statistiques, d’aller chercher de meilleurs chiffres, mais la seule façon qu’il a trouvée, c’est de mettre de la pression sur les paramédics. Ce n’est pas la bonne méthode », dit-il.

« Les décisions ministérielles qui sont prises présentement ont un coût financier important sur le temps supplémentaire », ajoute Lucie Longchamps, vice-présidente de la FSSS-CSN. Les paramédics d’Urgence-santé ont réalisé plus de 240 000 heures supplémentaires depuis le 1er janvier, tandis que ceux de la Coopérative des techniciens ambulanciers de la Montérégie (CETAM) en sont à plus de 4200 heures supplémentaires.