(Québec) Pendant que Québec et le plus important syndicat d’infirmières semblent loin d’une entente, au moins 500 chirurgies non urgentes sont reportées par jour de grève de la Fédération interprofessionnelle de la santé du Québec (FIQ), a déploré Christian Dubé.

« On retarde à peu près 500 chirurgies par jour », a lancé le ministre de la Santé à son arrivée au Conseil des ministres, mercredi. Ce dernier dit craindre des effets négatifs sur son plan de rattrapage en chirurgie, qui s’attaque justement aux chirurgies non urgentes en attente depuis plus d’un an. « On a baissé notre liste des [cas] de plus d’un an et je ne voudrais pas qu’on perde toutes ces avancées », a souligné M. Dubé.

Quelque 13 500 Québécois attendent depuis plus d’un an de passer sous le bistouri. Québec a pour objectif de revenir à un niveau prépandémique, qui se situait à environ 2500, « au plus tard » le 31 décembre 2024. Une cible intérimaire de 7600 a été fixée au 31 mars 2024.

Le ministre de la Santé a réitéré qu’il respectait le « droit de grève » des travailleurs de la santé, mais plaide comme le premier ministre pour obtenir davantage de « flexibilité » de la part des syndicats. M. Dubé espère que les syndicats feront des compromis sur la mobilité de la main-d’œuvre et la reconnaissance de l’ancienneté des travailleurs d’agence privée de placement, qu’il veut réintégrer dans le réseau.

« Ce que j’aimerais beaucoup, un peu comme ça se discute du côté de l’éducation, que ça soit très clair qu’on est prêt à augmenter les salaires, mais en même temps, qu’il faut avoir des aménagements dans l’organisation du travail », a expliqué M. Dubé qui a adopté samedi sous bâillon son imposante réforme de la santé. Le ministre admet que le succès de sa réforme est aussi lié au renouvellement des contrats de travail.

Les conventions collectives, je l’ai toujours dit, c’est un élément qui va en parallèle avec le projet de loi 15. Plus rapidement on va régler la grève, plus rapidement, on va avoir les conditions de flexibilité.

Christian Dubé, ministre de la Santé

Mercredi, le premier ministre a affirmé qu’un règlement avec les syndicats de travailleurs de la santé pourrait survenir en janvier seulement. La présidente du Conseil du trésor, Sonia LeBel, a ciblé particulièrement la FIQ avec qui les discussions seraient « plus complexes », leurs demandes étant « irréalistes ».

Chirurgies reportées

Lors des jours où la FIQ est en grève, le ministre Dubé estime qu’environ 500 chirurgies non urgentes sont reportées quotidiennement. Les blocs opératoires tournent notamment à 70 % de leur capacité pendant le débrayage, un taux approuvé par le Tribunal administratif du travail qui a déterminé il y a plusieurs semaines les services essentiels à maintenir en cas de grève dans le secteur de la santé.

Les quelque 80 000 infirmières, infirmières auxiliaires, inhalothérapeutes et perfusionnistes cliniques membres de la FIQ sont en grève du 11 au 14 décembre.

Au CHU de Québec uniquement, on estime que ce sont plus 3000 rendez-vous non urgents qui sont reportés et plus de 200 chirurgies. À Montréal, le CUSM a notamment fermé deux salles d’opération à l’Hôpital Royal Victoria, deux à l’Hôpital général de Montréal, deux à l’Hôpital de Montréal pour enfants et une à l’Hôpital de Lachine, pour la durée de la grève cette semaine.

Au CIUSSS du Nord-de-l’Île-de-Montréal, le bloc opératoire de l’Hôpital du Sacré-Cœur-de-Montréal fonctionnera à 65 % de sa capacité habituelle, alors que c’est de l’ordre de 50 % pour l’Hôpital Fleury et l’Hôpital Jean-Talon. Au CIUSSS du Centre-Ouest-de-l’Île-de-Montréal, environ une quinzaine de chirurgies non urgentes par jour sont reportées.

Au CISSS de la Montérégie-Ouest, on évalue à une dizaine le nombre de chirurgies reportées par jour de grève et environ 500 rendez-vous de vaccination ont été replanifiés.