Si les autorités de santé du Québec s’attendent à voir déferler la vague d’influenza un peu avant la période des Fêtes, le virus est bien arrivé dans le reste du Canada. La contagion en hausse constante dans la Belle Province laisse aussi croire à des experts que la saison grippale est déjà commencée.

Les données de l’Institut national de santé publique (INSPQ) indiquent clairement que le nombre de cas d’influenza a augmenté lors des trois dernières semaines. En additionnant les infections de souche A et B, on a recensé 37 cas dans la semaine se terminant le 4 novembre. Ce nombre est passé à 50 cas la semaine suivante, puis à 93 cas avant de bondir à 139 cas dans la semaine se terminant le 25 novembre.

Selon le ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS), cette courbe croissante est « typique du comportement du virus à cette époque de l’année ». On précise cependant que « plusieurs indicateurs sont pris en compte pour déterminer le début de la saison grippale » et que celui-ci n’a « pas encore été annoncé ». On reconnaît toutefois que cela sera fait « très prochainement ».

Toujours d’après les informations transmises par le MSSS, on considère que durant la semaine s’étant terminée le 25 novembre, l’activité grippale était « faible », mais que la circulation était en hausse.

Le professeur au département de médecine sociale et préventive de l’École de santé publique de l’Université de Montréal, Benoit Mâsse, explique qu’on détermine le début de la saison grippale quand on atteint un seuil de positivité des tests de dépistage de 5 % durant quelques semaines consécutives. Ce seuil a été atteint au Canada, mais pas au Québec. À son avis, cela ne va pas tarder.

« S’il y a un délai, le délai ne sera pas très long. On est pas mal tous dans le même bateau en ce qui concerne la grippe », résume l’épidémiologiste.

Pour la semaine de déclaration 46, qui se terminait le 18 novembre, le rapport ÉpiGrippe de l’Agence de la santé publique du Canada indique un taux de positivité de 6,8 % pour les tests de dépistage de l’influenza au pays. Au Québec, pour la même semaine, l’INSPQ rapporte 1,5 % de résultats positifs pour ses 6457 analyses.

En conférence de presse un peu plus tôt en novembre, le directeur national de santé publique, le Dr Luc Boileau, avait dit s’attendre à ce que la vague de grippe frappe le Québec « probablement avant Noël ou près de Noël ».

La professeure au département de biochimie et de médecine moléculaire du Centre de recherche du CHUM, Nathalie Grandvaux, explique que le virus de la grippe s’est d’abord installé dans les provinces des prairies avant de se répandre progressivement dans les autres provinces.

À ses yeux, bien qu’on n’ait pas encore atteint les seuils nécessaires au Québec, la tendance des dernières semaines laisse peu de doute. « On peut clairement dire que la saison a démarré », avance-t-elle.

Faible couverture vaccinale

Afin de se protéger le mieux possible contre les risques de complications liées à l’influenza, les experts en santé publique recommandent fortement de se faire vacciner. C’est le message martelé par le Dr Luc Boileau et partagé par les intervenants interrogés par La Presse Canadienne.

« C’est toujours temps de se faire vacciner ! Il n’est jamais trop tard parce que la vaccination peut diminuer significativement les symptômes », soutient Nathalie Grandvaux.

Benoit Mâsse tient le même discours et estime que les autorités pourraient en faire plus pour rehausser la couverture vaccinale contre la grippe au Québec. Il rappelle que la province n’avait pas de programme de vaccination universelle gratuite contre la grippe avant 2022. Ce retard a sûrement joué un rôle dans le faible taux de vaccination, croit-il, mais on pourrait en faire davantage.

« On voit certaines publicités ici et là, mais si on regarde ailleurs, dans différents pays, il y a des publicités avec beaucoup plus d’intensité, beaucoup plus fortes, avec beaucoup plus de moyens », critique l’épidémiologiste qui donne en exemple les CDC américains.

La réputation du vaccin contre l’influenza, dont l’efficacité oscille entre 35 % et 50 %, joue aussi en sa défaveur. Or, Benoit Mâsse rappelle que l’on réduit tout de même les risques d’hospitalisation de moitié.

En citant une publicité américaine, il lance la réflexion suivante : « Entre affronter un lion ou affronter un chat, qu’est-ce que vous préférez ? »

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