(Québec) Le recours aux cliniques de chirurgie privées pendant la pandémie a coûté à l’État québécois 200 millions. La crise sanitaire derrière, le gouvernement Legault veut maintenant payer moins cher pour le recours au privé et resserrera les règles des appels d’offres.

Quelque 162 000 interventions ont pu être réalisées en cliniques privées pendant la crise sanitaire, ce qui a coûté 200 millions à l’État québécois. Ces données ont été révélées mardi lors de l’étude des crédits budgétaires en santé.

Pendant la pandémie, Québec a conclu une trentaine de contrats de gré à gré avec une quinzaine des cliniques médicales spécialisées (CMS) pour limiter les effets du délestage dans les hôpitaux sur les listes d’attente en chirurgie.

La sous-ministre à la Santé, Dominique Savoie, a affirmé mardi que le ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS) élabore une circulaire qui viendra justement encadrer le recours au privé.

Ce qu’on voulait [pendant la pandémie], c’était de diminuer la liste d’attente, donc on a rapidement conclu des ententes pour poursuivre les activités [chirurgie]. L’avantage que cela nous a donné, c’est qu’on a un bon inventaire. On a une image de ce que ça coûte.

Dominique Savoie, sous-ministre à la Santé

Le MSSS veut profiter de l’échéance des contrats conclus en vertu de l’urgence sanitaire pour resserrer les règles de ses futurs appels d’offres qui doivent être lancés d’ici l’été pour renouveler les contrats avec les cliniques privées. Mme Savoie a indiqué que l’objectif est d’arriver à faire baisser la facture tandis que le gouvernement Legault veut mettre le pied sur l’accélérateur pour diminuer les listes d’attente.

Christian Dubé cherche d’ailleurs à s’entendre avec la Fédération des médecins spécialistes du Québec (FMSQ) pour établir des cibles communes à atteindre afin de revenir à des niveaux d’attente prépandémiques. Le recours aux CMS est « devant nous pour une bonne période », a précisé le sous-ministre adjoint à la Direction générale des affaires universitaires, médicales, infirmières et pharmaceutiques, Stéphane Bergeron.

M. Bergeron a indiqué que 62 salles d’opération sont toujours fermées à travers la province en raison d’enjeux de main-d’œuvre. Au Québec, le taux d’activités des blocs opérations tourne autour de 78 %.

De nouvelles règles

Pour arriver à réduire les coûts, le MSSS invitera les établissements de santé du Grand Montréal à se regrouper pour aller en appel d’offres, a expliqué Mme Savoie. En procédant de la sorte, on vient augmenter le volume de chirurgies ce qui aura, espère-t-on, un effet sur le prix.

« Disons pour la cataracte, [les CIUSSS] Centre-Sud et Nord-de-L’Île, ils vont se mettre ensemble pour avoir un meilleur prix plutôt que chacun signe un contrat qui n’était pas toujours pareil », a illustré la sous-ministre en exemple. « Les demandes et les exigences variaient beaucoup », a ajouté Mme Savoie en faisait référence aux contrats conclus pendant la pandémie.

La circulaire viendra aussi « encadrer les coûts » par spécialité. Mme Savoie a laissé savoir que ces coûts ressembleront à ce qui est fait au public.

Malgré la demande du député Vincent Marissal, le ministre Christian Dubé a refusé de rendre publics les coûts par spécialité des 162 000 chirurgies effectuées. C’est à ce moment que Mme Savoie a affirmé que les quelque 162 000 chirurgies ont coûté 200 millions à l’État québécois depuis 2020.

Autre nouveauté, les prochains appels d’offres contiendront une clause de non-sollicitation pour empêcher les CMS de venir recruter le personnel infirmier à l’intérieur du réseau public de la santé.

Les opérations réalisées au privé coûteraient jusqu’à deux fois et demie plus cher qu’au public, ont montré des données gouvernementales inédites dévoilées par l’Institut de recherche et d’informations socioéconomiques (IRIS), lundi. Ces données proviennent d’un projet pilote lancé en 2016 par l’ancien ministre de la Santé, Gaétan Barrette, afin de comparer les coûts de cinq types d’interventions chirurgicales et procédures entre le réseau public et trois cliniques privées : RocklandMD, Chirurgie DIX30 et Opmedic.

Au Salon bleu mardi, Christian Dubé a affirmé que ces données n’étaient pas comparables avec ce qui se fait actuellement et que son gouvernement ira en appel d’offres dans les prochaines semaines pour conclure de nouveaux contrats avec les CMS.

(Re)lisez Opérations au privé : Jusqu’à deux fois et demi plus cher, selon des données de Québec