Plus de 300 cas d’infections invasives à streptocoque du groupe A, susceptibles de causer la maladie mangeuse de chair, ont été déclarés au Québec dans les derniers mois. Il s’agit d’une hausse de 55 % des infections par rapport aux années précédentes, prévient le ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS).

Du 28 août au 11 février, 347 cas d’infections invasives ont été déclarés au Québec contre 223 cas en moyenne pour la même période entre 2015 et 2019, a averti le MSSS dans son bulletin d’information du mois d’avril destiné aux professionnels de la santé. Cette « hausse significative » est particulièrement marquée chez les enfants de 6 mois à 9 ans et s’observe à travers la province.

Une infection à streptocoque du groupe A non invasive peut se manifester de différentes façons, entre autres par une pharyngite, une amygdalite ou une infection de la peau comme l’impétigo ou la scarlatine.

Toutefois, certaines personnes développeront une infection dite invasive, qui peut entraîner des complications graves et même fatales, comme la maladie mangeuse de chair, le syndrome de choc toxique ou la méningite.

Au cours des dix derniers jours, à l’hôpital Pierre-Le Gardeur, à Terrebonne, quatre personnes se sont présentées pour des infections graves et étaient porteuses du streptocoque du groupe A. « Ceci représente une hausse transitoire, la situation mérite d’être suivie pour valider si elle persistera dans le temps », a indiqué la directrice des relations publiques du CISSS de Lanaudière, Pascale Lamy.

L’enquête actuelle n’indique aucun lien épidémiologique entre ces personnes. Un antibiotique a été prescrit aux contacts étroits, pour éviter que de nouveaux cas ne surviennent, a indiqué Mme Lamy.

Pour le DDonald Vinh, infectiologue et microbiologiste au Centre universitaire de santé McGill, ces quatre cas, vraisemblablement de maladie mangeuse de chair, en une semaine représentent « un signal que l’on doit faire attention ».

Il s’agit d’une infection qui peut progresser extrêmement rapidement, « en quelques heures », indique le DVinh. « Ça peut être catastrophique et entraîner des amputations ou des décès. »

Les patients infectés se présentent généralement à l’hôpital avec de la fièvre, des nausées, des vomissements et une jambe mauve ou rouge, observe le DVinh. « En quelques heures, leur état peut se dégrader. Les travailleurs de la santé sont formés pour être vigilants pour ces types de symptômes, parce qu’il faut parfois amener le patient directement à la salle d’opération », dit-il.

Hausse des cas répandue

La résurgence des virus respiratoires après le relâchement des mesures sanitaires pourrait expliquer cette hausse des infections invasives, estime le Ministère.

Les infections invasives à streptocoque A suivent généralement les infections virales des voies respiratoires. Ç’a été le cas cet automne au Québec, où l’augmentation des cas d’infections invasives a suivi la hausse du nombre de cas d’influenza.

Par ailleurs, cette augmentation des cas au Québec n’est pas un phénomène isolé. Leur nombre connaît également une hausse importante dans de nombreux pays européens, dont le Royaume-Uni, la France, l’Irlande et la Suède. Les Pays-Bas et les États-Unis signalent aussi une augmentation des cas chez les enfants, note le Ministère.

« La proportion de cas chez les enfants semble plus élevée que pendant les années prépandémiques, et plusieurs décès ont aussi été rapportés », indique le MSSS dans son bulletin d’information.

Le streptocoque A se transmet par des gouttelettes respiratoires ou par des contacts directs avec la bactérie, comme par le pus, note le DVinh. Puisqu’il n’existe aucun vaccin contre ces infections, les bonnes pratiques d’hygiène, comme le lavage des mains et des surfaces, permettent de limiter la transmission de ces infections. De son côté, le CISSS de Lanaudière rappelle qu’il faut être vigilant et consulter rapidement si une infection de plaie se déclare.