L’Ordre des infirmières et infirmiers du Québec (OIIQ) ne reporte pas le prochain examen professionnel prévu en mars, malgré les recommandations du Commissaire à l’admission aux professions. Les étudiants pourront toutefois choisir de ne pas s’y inscrire et d’attendre celui de septembre prochain.

L’Ordre accordera également une quatrième tentative aux candidats qui avaient encaissé leur troisième et ultime échec à l’examen. Jusqu’à présent, les candidats pouvaient se présenter à l’examen un maximum de trois fois. S’ils échouaient, ils devaient se réorienter vers un autre métier ou recommencer leurs études.

L’OIIQ redonnera également le droit d’exercer à titre de candidats à l’exercice de la profession d’infirmière (CEPI) aux personnes ayant obtenu un troisième échec à l’examen de septembre.

« Nous avons mis de l’avant plusieurs mesures d’assouplissement afin de favoriser la réussite des étudiantes et étudiants, sans ne jamais compromettre le niveau de soins offerts à la population québécoise », a déclaré mercredi le président de l’OIIQ par voie de communiqué, Luc Mathieu.

Près de la moitié des étudiants en soins infirmiers ont échoué au dernier examen de l’Ordre des infirmières et infirmiers du Québec (OIIQ) qui s’est déroulé en septembre dernier. Le taux de réussite pour les candidats qui le passaient pour la première fois était de 51,4 %. En moyenne, lors des quatre dernières années, le taux de réussite était plutôt de 82 %.

Amélioration du processus d’évaluation

Dans la foulée de la controverse soulevée par un taux d’échec disproportionné, le Commissaire à l’admission aux professions, MAndré Gariépy, a été chargé d’enquêter sur les raisons ayant entraîné ce fiasco.

La semaine dernière, il a recommandé le report du prochain examen de l’Ordre, affirmant qu’« il serait imprudent d’obliger toute personne candidate à se présenter à la prochaine séance de l’examen » avant que l’on ne sache ce qui a mal tourné l’automne dernier.

Mercredi, l’OIIQ a annoncé que les étudiants pourront exceptionnellement choisir de ne pas s’inscrire ou de ne pas se présenter à l’examen de mars prochain sans qu’une mention d’échec soit ajoutée à leur dossier. Le prochain examen est prévu en septembre 2023.

L’Ordre envisage également d’améliorer le processus d’évaluation, notamment en ajoutant des séances d’examen et en développant « de meilleurs outils pour évaluer la capacité des infirmières et infirmiers à exercer », peut-on y lire sur leur site internet.

« Un cadeau empoisonné »

L’étudiante au baccalauréat en sciences infirmières, Amélie Zol, voit ces mesures de l’Ordre comme un « cadeau empoisonné ». Pour éviter d’allonger leur parcours scolaire, les étudiantes au baccalauréat n’ont pas le choix de passer l’examen en mars, indique-t-elle.

« Si on ne se présente pas, notre parcours universitaire sera repoussé d’une session, parce qu’on doit avoir notre titre d’infirmière pour nos stages à l’université », explique-t-elle.

Elle se dit « très contente » que les étudiantes qui étaient à leur troisième échec aient une quatrième chance. « Mais on s’attendait à ce que l’échec soit annulé pour tout le monde », dit-elle, ajoutant que celles qui sont à leur premier ou deuxième échec vivent également « beaucoup d’anxiété. » « Ça ne laisse pas beaucoup de marge de manœuvre pour le prochain examen, surtout qu’on ne sait aucunement à quoi s’attendre », dit-elle.

« Des éléments préoccupants »

Les travaux du Commissaire menés jusqu’à maintenant révèlent « des éléments préoccupants tant sur l’examen que sur la formation des personnes candidates ».

Le point de départ de l’enquête de MGariépy s’appuie sur deux hypothèses pouvant expliquer ce fort taux d’échec. D’une part, soit « l’examen comporte des failles méthodologiques » ou d’autre part « la formation des personnes candidates, ou de certaines d’entre elles, ne les a pas préparées adéquatement ». Une combinaison des deux facteurs pourrait aussi être en cause.

Au moment du dévoilement des résultats, l’OIIQ avait blâmé le contexte de la pandémie pour justifier un cadre d’apprentissage ou de préparation à l’examen inadéquat pour les étudiantes des différents programmes de soins infirmiers.

Avec La Presse Canadienne