La situation à l’hôpital Maisonneuve-Rosemont, dans l’est de Montréal, « n’est pas soutenable », a déclaré le ministre de la Santé, Christian Dubé. Neuf membres du personnel soignant qui y travaillent ont dénoncé à La Presse les « manigances » pour imposer le « temps supplémentaire obligatoire » et des quarts de 16 heures de travail forcé.

« Quand j’ai lu l’article ce matin, je ne peux pas dire que c’est une situation que j’apprécie. J’ai beaucoup, beaucoup d’empathie », a déclaré le ministre Dubé en mêlée de presse.

La Presse rapportait mercredi que des gestionnaires de l’hôpital Maisonneuve-Rosemont utilisent des « manigances » pour imposer le « temps supplémentaire obligatoire » (TSO). Les témoignages recueillis par La Presse font état de menaces de sanction, d’intimidation et de « manipulation émotionnelle » pour forcer les soignants à rester sur place.

Lisez « ‟Temps supplémentaire obligatoire” » : des manigances pour les forcer à rester »

Le ministre Dubé déplore qu’il n’y ait pas de gestion locale des horaires à Maisonneuve-Rosemont. « Pourquoi des endroits ont réussi entre les syndicats locaux et les gestionnaires à s’entendre pour qu’il n’y ait pas de TSO ? Pourquoi on n’est pas capable de faire ça à Maisonneuve-Rosemont ? », a-t-il déclaré.

« La situation à l’hôpital Maisonneuve-Rosemont n’est pas soutenable », a-t-il ajouté. Il n’a toutefois pas ouvert la porte à des sanctions pour les gestionnaires concernés.

Depuis plusieurs mois, le ministre Dubé martèle qu’il veut voir le TSO disparaître « le plus rapidement possible » et qu’il s’agit d’une « mesure d’exception ». Il demande aux gestionnaires du réseau « de trouver des solutions intérimaires » pour l’éviter.

Une invitation qui passe mal

Lors de sa brève déclaration mercredi, le ministre Dubé en a profité pour inviter les professionnels de la santé de l’hôpital Maisonneuve-Rosemont à venir à un forum organisé par la ministre responsable de l’Administration gouvernementale, Sonia LeBel, dans le cadre de la prochaine négociation des employés du secteur public.

L’invitation a mal passé auprès du syndicat des professionnels en soins de l’est de l’île de Montréal. « On abuse carrément de ces femmes-là. Ça me choque d’entendre le ministre inviter les infirmières à venir à un forum. Le problème, c’est qu’on les force à venir travailler, on n’a pas besoin d’aller à un forum pour le savoir », a dénoncé le président du syndicat, Denis Cloutier.

On est en train d’être témoin de professionnels dont la parole se libère, qui ne sont plus capables de supporter le rythme de travail qu’on leur impose et [Christian Dubé] essaie de faire de la politique avec ça.

Denis Cloutier, président du syndicat des professionnels en soins de l’est de l’île de Montréal

Des situations intolérables

Pour le député libéral André Fortin, porte-parole de l’opposition officielle en matière de santé, « des situations comme celles-là ne peuvent pas être tolérées ». « Ça fait en sorte que les infirmières, à juste titre, se questionnent sur leur avenir. On est bien loin de l’employeur de choix que le réseau de la santé devrait être », dit-il.

Le député libéral déplore qu’il n’y ait pas de sanctions envers les gestionnaires ni d’interdiction du TSO. « Donc c’est bien possible qu’il n’y ait pas de changements à Maisonneuve-Rosemont », dit-il.

Avec Fanny Lévesque, La Presse