(Québec) La plus importante association d’agences de placement de main-d’œuvre déplore le fait d’être tenue « dans le noir » à trois semaines de la fin des mesures d’exception liées à la pandémie. Elle réclame la levée des arrêtés ministériels ordonnés sous la prémisse d’une « tentative d’asphyxie ».

L’association des Entreprises privées de personnel soignant du Québec (EPPSQ) attend toujours d’être mise au parfum des intentions du gouvernement Legault à l’approche de la fin des mesures d’exception de la Loi visant à mettre fin à l’état d’urgence sanitaire tout en prévoyant le maintien de mesures transitoires nécessaires pour protéger la santé de la population (« loi 28 »).

Adoptée au printemps dernier, la pièce législative a permis au gouvernement de se garder des pouvoirs exceptionnels, comme celui d’encadrer le recours aux agences, jusqu’au 31 décembre 2022.

« Il n’y a malheureusement pas de discussion [avec le gouvernement] », soutient le président de l’EPPSQ, Patrice Lapointe, qui assure que « la porte est ouverte » du côté de son association, qui regroupe 21 agences de placement de main-d’œuvre. « On le déplore parce qu’on est dans le noir », poursuit-il.

On n’était pas d’accord avec l’approche qui était adoptée par le gouvernement en mettant en place ces arrêtés-là et cette loi-là. Cela étant dit, c’est sûr et certain que la façon de dénouer l’impasse, c’est de se parler.

Patrice Lapointe, président de l’association des Entreprises privées de personnel soignant du Québec

L’arrêté ministériel en vigueur comporte une série de mesures serrant la vis aux agences privées, comme l’imposition de prix plafonds pour l’embauche du personnel soignant. Il prévoit aussi qu’un employé qui quitte le réseau public ne peut y revenir travailler pour le compte d’une agence qu’après une période de 90 jours. On vient aussi encadrer les contrats conclus pendant la pandémie.

« On pense que ces arrêtés-là doivent être levés pour une raison bien simple : c’est que malheureusement, la prémisse selon laquelle ont été pris ces arrêtés, c’est plus une tentative d’asphyxie des agences, dans une dynamique où on dit qu’on va y mettre fin d’ici deux, trois ans. C’est ça le problème », affirme M. Lapointe.

L’EPPSQ reconnaît que ces mesures d’exception ont été prises en vertu de l’état d’urgence sanitaire pendant que des agences demandaient des prix exorbitants pour de la main-d’œuvre. « Je suis d’accord avec le fait qu’il y en a qui exagèrent, c’est sur la méthode qu’on n’est pas d’accord », rétorque-t-il, affirmant que l’imposition de prix plafonds crée aussi des « effets pervers ».

Un encadrement souhaité

L’EPPSQ se dit ouverte à l’élaboration « d’un encadrement dans un contexte de pérennité » et affirme qu’il est même « nécessaire ».

« La réalité, c’est qu’il y a un besoin pour nous dans le réseau, on n’est pas 50 % des heures travaillées, selon les statistiques du Ministère, on est 3 ou 4 % des heures travaillées. Ce qu’on fait, on le fait bien. Maintenant, il y a des bons et de moins bons côtés et [il faut voir] comment on peut travailler ensemble pour régler les problématiques », exprime M. Lapointe.

Le ministre de la Santé et des Services sociaux, Christian Dubé, n’a pas encore fait connaître ses intentions sur la fin des arrêtés ministériels touchant les agences privées de main-d’œuvre. Il maintient néanmoins que son souhait est de se sevrer des agences de main-d’œuvre d’ici trois ans.

« Le recours à la main-d’œuvre indépendante a trop longtemps été vu comme un mode de gestion et c’est ça qu’on va devoir changer. On travaille déjà sur des solutions concrètes pour y arriver », indique-t-on au cabinet du ministre. Le MSSS confirme de son côté que « les travaux sont toujours en cours en lien avec la fin des mesures transitoires ».

Pour le maintien du personnel

Christian Dubé veut pérenniser certains arrêtés de la loi 28 qui permettent le maintien à l’emploi de milliers de travailleurs de la santé venus prêter main-forte au réseau par l’entremise de la plateforme « Je contribue ». Le gouvernement Legault doit s’entendre avec les syndicats.

Un projet de règlement a aussi été publié dans la Gazette officielle à la mi-novembre pour que plusieurs professionnels, comme les vétérinaires et les dentistes, puissent continuer à vacciner et à dépister.

Les ordres professionnels ont aussi été appelés à trouver des voies de passage puisque les autorisations spéciales de pratique, accordées notamment à des infirmières à la retraite, viennent aussi à échéance.

L’Ordre des infirmières et infirmiers du Québec a communiqué récemment avec les quelque 3000 infirmières titulaires d’une telle autorisation. Elles pourront si elles le souhaitent s’inscrire au tableau de l’Ordre sans frais pour la période du 1er janvier au 31 mars 2023.