Une nouvelle clinique opérée par des infirmières praticiennes spécialisées (IPS) pour désengorger les urgences ouvrira ses portes jeudi, une première à Montréal. Au passage de La Presse mercredi, l’ambiance y était déjà fébrile.

« Actuellement, on constate qu’il y a beaucoup de patients qui se présentent aux urgences, mais qui auraient très bien pu être pris en charge par une infirmière praticienne dans une clinique de première ligne. Je crois que ça va vraiment diminuer la pression dans les urgences », lance l’infirmière praticienne spécialisée Nadine Belony, installée dans son cabinet médical.

Cette clinique d’infirmières praticiennes spécialisées (IPS), souvent surnommées « super infirmières », ouvrira jeudi après-midi au CLSC Olivier-Guimond, dans l’arrondissement de Mercier–Hochelaga-Maisonneuve. Deux autres seront inaugurées dans les prochaines semaines à l’hôpital Notre-Dame et au CLSC de Verdun.

Au début du mois de novembre, le ministre de la Santé, Christian Dubé, avait annoncé l’implantation de trois solutions pour désengorger les urgences, dont la création de ces trois cliniques d’IPS et la mise en place de la ligne 811 pédiatrique.

Autonomie des infirmières

Sur place, trois infirmières travailleront à temps plein. Elles pourront soigner jusqu’à 250 patients par semaine, affirme Lina Spagnuolo, directrice des soins infirmiers au CIUSSS de l’Est-de-l’Île-de-Montréal. Les patients y seront dirigés par les urgences des hôpitaux Maisonneuve-Rosemont et Santa Cabrini, la ligne téléphonique 811 ou encore le Guichet d’accès à la première ligne (GAP).

Cette clinique va mettre de l’avant notre expertise en sciences infirmières et notre autonomie. Je suis très contente et excitée par ce nouveau projet. C’est la réalisation d’un rêve.

Nadine Belony, infirmière praticienne spécialisée

Depuis 2021, les IPS peuvent diagnostiquer des maladies chroniques et des affections mineures, déterminer des traitements médicaux et effectuer des suivis de grossesse, sans la surveillance d’un médecin. « C’est vraiment la pratique infirmière avancée », résume Mme Belony.

Si l’expertise d’un médecin ou d’un autre professionnel de la santé est nécessaire, les infirmières seront en mesure d’orienter les patients vers d’autres ressources. « On va continuer de travailler en collaboration avec nos partenaires existants », précise la gestionnaire.

Accroître l’accessibilité

La situation est critique dans les urgences de la province avec un taux d’occupation moyen de 123 % dans la dernière semaine. Les urgences reçoivent en moyenne 10 700 visites par jour actuellement, un sommet, selon les données du ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS).

Nadine Belony espère que la clinique permettra d’accroître l’accessibilité des services de santé et de réduire la pression sur le réseau. « Ce n’est pas normal qu’un patient attende des heures à l’urgence pour une infection urinaire. [Grâce à la clinique], le patient va pouvoir être pris en charge plus rapidement pour éviter que sa situation se détériore », dit Mme Belony.

Par ailleurs, en libérant des places dans les urgences, les patients qui ont des problèmes plus complexes pourront être vus par les professionnels des hôpitaux plus rapidement, estime-t-elle.

« Urgence d’agir »

La directrice Lina Spagnuolo se réjouit que son équipe ait réussi à mettre sur pied la clinique en moins de 30 jours. « C’est un projet qui prendrait normalement plus d’un an. Mais il y avait urgence d’agir et on ne pouvait pas se permettre d’attendre, avec l’état de nos salles d’urgence », dit-elle.

PHOTO DOMINICK GRAVEL, LA PRESSE

La directrice des soins infirmiers au CIUSSS
de l’Est-de-l’Île-de-Montréal, Lina Spagnuolo

Mme Spagnuolo, qui rêvait d’une telle clinique depuis des années, dit avoir sauté sur l’occasion de contribuer à sa création lorsqu’elle a entendu l’appel du ministre de la Santé, Christian Dubé. « C’est très difficile dans nos salles d’urgence dans l’Est, alors c’est sûr que pour nous, c’était incontournable de s’impliquer dans ce projet-là », dit-elle.

Mme Spagnuolo espère qu’au cours des prochaines semaines, le rôle des infirmières praticiennes spécialisées sera davantage reconnu au sein de la population. « Avec le temps, on va voir le bienfait de leurs pratiques », se réjouit-elle.

En savoir plus
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    Nombre d’IPS au Québec en 2021. Les IPS sont titulaires d’une maîtrise et d’un diplôme d’études supérieures dans une spécialité de leur choix.
    Source : Ordre des infirmières et infirmiers du Québec