Le virus de la polio, éradiqué dans la majorité des pays depuis plusieurs décennies et pouvant causer la paralysie, a été détecté dans les eaux usées de New York et de Londres au cours de l’été. Devant ces nouveaux cas, Santé Canada annonce vouloir tester les eaux usées au pays et insiste sur la nécessité de se faire vacciner.

Tester les eaux usées « dès que possible »

« Bien que le risque général de poliomyélite pour la population canadienne demeure faible, ces cas internationaux sont un bon rappel de se tenir au courant des vaccinations, même pour les maladies rares évitables par la vaccination », a indiqué à La Presse la porte-parole de l’Agence de la santé publique du Canada Andréa Richer.

À New York, une personne a été paralysée il y a quelques semaines en raison d’une infection à la polio dans le nord de la ville. Des échantillons d’eaux usées prélevés en juin dans son comté contenaient le virus. Par ailleurs, des traces du poliovirus ont été trouvées dans les eaux usées à Londres, mais aucun cas de polio n’a encore été détecté dans la population.

Devant ces cas internationaux, Santé Canada a annoncé commencer « dès que possible » à tester les eaux usées d’un certain nombre de villes canadiennes.

Un risque que la maladie « réapparaisse »

Grâce à la vaccination, le Canada est exempt de poliomyélite depuis 1994. Les autorités de santé préviennent toutefois qu’il y a « un risque que la poliomyélite réapparaisse » puisqu’elle sévit encore dans d’autres pays, comme l’Afghanistan et le Pakistan. « Par exemple, une personne infectée par la poliomyélite dans un autre pays pourrait se rendre au Canada et infecter des personnes non immunisées », a indiqué la porte-parole de Santé Canada.

PHOTO RENÉ PICARD, ARCHIVES LA PRESSE

Écolier québécois recevant une dose de vaccin contre la polio, en 1963

Très contagieux

Cette maladie, hautement contagieuse, se propage dans les excréments d’une personne infectée. Le virus pénètre dans le corps par la bouche, principalement par la nourriture ou l’eau contaminée par les excréments.

PHOTO YURI CORTEZ, AGENCE FRANCE-PRESSE

Une enfant reçoit une dose de vaccin oral contre la polio, à Caracas, au Venezuela.

Possible paralysie

Bien que la plupart des personnes infectées par le virus de la polio ne présentent aucun symptôme visible, une petite fraction des personnes touchées contracte une maladie plus grave : la poliomyélite paralytique aiguë. Cette maladie attaque le système nerveux central et peut entraîner une paralysie, voire la mort.

En général, la paralysie s’améliore après quelques années, mais beaucoup de personnes restent touchées par une faiblesse importante. Parmi ces patients, une grande proportion développera aussi le syndrome de post-poliomyélite 30 à 40 ans après la maladie.

PHOTO FOURNIE PAR LA DRE DARIA TROJAN

La Dre Daria Trojan, professeure de neurologie et de neurochirurgie à l’Université McGill et spécialiste du syndrome de post-poliomyélite

« Les deux principaux symptômes du syndrome sont une faiblesse musculaire et (ou) une fatigue musculaire progressive », indique la Dre Daria Trojan, professeure de neurologie et de neurochirurgie à l’Université McGill et spécialiste du syndrome de post-poliomyélite. Certains patients peuvent également avoir du mal à respirer et à avaler.

Chercher ses cinq doses

Il n’y a aucun traitement contre la polio aiguë ou le syndrome post-poliomyélite, indique la Dre Trojan. La vaccination est donc le meilleur moyen de protéger les enfants. Au Canada, il est recommandé que les enfants soient vaccinés quatre fois en bas âge, soit à 2, 4, 6 et 18 mois, et reçoivent un rappel du vaccin entre 4 et 6 ans.

PHOTO ED JONES, ARCHIVES AGENCE FRANCE-PRESSE

Boîte de vaccin contre le poliovirus administré dans une clinique de Brooklyn

L’importance de la vaccination

Le poliovirus détecté à New York et à Londres est dérivé d’une souche vaccinale. Bien que rare, cette forme du virus est devenue plus fréquente au cours des dernières années en raison des faibles taux de vaccination au sein de certaines collectivités.

Au Canada, le vaccin administré est à base de virus inactivé. Par contre, de nombreux pays à travers le monde, tels que l’Afghanistan et le Pakistan, administrent plutôt le vaccin oral, qui contient le virus vivant affaibli, indique Alain Lamarre, professeur-chercheur spécialisé en immunologie et virologie à l’Institut national de la recherche scientifique (INRS). Ce vaccin offre de nombreux avantages, notamment en facilitant son administration.

PHOTO RIZWAN TABASSUM, ARCHIVES AGENCE FRANCE-PRESSE

Une soignante administre un vaccin contre la polio à des enfants, à Karachi, au Pakistan.

Toutefois, dans les collectivités où les taux de vaccination sont faibles, le virus atténué contenu dans le vaccin peut se propager d’un enfant non vacciné à un autre, muter et éventuellement reprendre une forme susceptible d’entraîner une paralysie, prévient l’Initiative mondiale pour l’éradication de la poliomyélite.

Quelques chiffres

5 ans

La poliomyélite touche principalement les enfants de moins de 5 ans. Cependant, toute personne non vaccinée peut contracter la maladie, quel que soit son âge.

Source : Organisation mondiale de la santé (OMS)

0,5 %

Une infection sur 200 entraîne une paralysie irréversible, habituellement des jambes.

Source : OMS

86,4 %

Proportion des enfants de 7 ans qui ont reçu les cinq doses de vaccin contre la poliomyélite au Québec

Source : Institut national de santé publique du Québec (INSPQ)

Les grandes épidémies de polio au Québec

PHOTO PAUL-HENRI TALBOT, ARCHIVES LA PRESSE

Des gens font la file devant l’hôtel de ville de Montréal pour recevoir une dose de vaccin contre la polio, en 1959.

  • 1916 – Une épidémie de poliomyélite cause 109 cas à Montréal.
  • 1931 – Plus de 70 personnes perdent la vie lors d’une épidémie de 744 cas.
  • 1946 – Une épidémie de 684 cas cause une trentaine de décès.
  • 1959 – Une nouvelle épidémie de poliomyélite débute à la fin d’avril. Au total, 1039 cas sont rapportés, dont 934 à Montréal.

Source : INSPQ