(Québec) Six services d’urgence seront partiellement fermés cet été au Québec en raison de la pénurie de personnel. Les secteurs de l’obstétrique et de la néonatalogie seront aussi touchés, confirme le ministre Christian Dubé, qui prévient que la saison estivale sera « encore plus difficile » que l’an dernier en raison du taux d’absentéisme.

Quelque 60 000 employés du réseau de la santé et des services sociaux sont absents, ce qui représente près de 8000 personnes de plus qu’à la même période l’an dernier, selon le Ministère. « Ce sont principalement des gens qui sont en absence pour maladie parce qu’on a aussi des [cas] de COVID longue. On en a environ 800, c’est beaucoup », a expliqué mercredi le ministre de la Santé et des Services sociaux, Christian Dubé.

Le ministre ne nie pas également que « beaucoup » d’employés sont partis en congé avec la fin des primes COVID dans le réseau, en mai dernier. « C’est normal, les gens veulent se reposer. Nos infirmières ont travaillé vraiment fort pendant deux ans », a-t-il ajouté lors d’une mêlée de presse. Québec s’est « engagé » à ce que les travailleurs du réseau puissent prendre leurs vacances malgré la pénurie.

Ce qui fait en sorte que 6 services d’urgence devront être partiellement fermés au cours de l’été sur un total de 117. Il s’agit des urgences de La Mitis, au Bas-Saint-Laurent, de Fortierville, en Mauricie–Centre-du-Québec, de Coaticook et de Windsor, en Estrie, de Lachine, à Montréal, et de Témiscaming-Kipawa, en Abitibi-Témiscamingue. Notons que trois des six urgences sont actuellement déjà en réduction de services.

Les urgences affichent un taux d’occupation de 113 % à l’heure actuelle, bien au-delà de la cible de 85 %. À pareille date l’an dernier, les urgences affichaient un taux d’occupation de 102 %. La durée d’attente sur civière en ce moment est de 17 heures 34 minutes, bien davantage que les 14 heures visées.

En ce qui a trait aux services obstétriques, le Réseau d’infirmières de dépannage en obstétrique viendra soutenir les établissements aux prises avec des ruptures de services potentiels, précise le ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS). Les corridors de services établis ainsi qu’une mise à jour des fermetures partielles seront publiés sur le site du MSSS.

« Oui, ça va être un été difficile. On le sait qu’on va avoir des réorganisations de services, mais on a fait un effort avec tous les gestionnaires pour minimiser l’impact durant l’été », a souligné M. Dubé. Pour l’heure, il n’est pas question d’augmenter le délestage dans le réseau, mais ce pourrait être le cas si le Québec connaissait une recrudescence importante des cas de COVID-19.

Des réorganisations de services avaient aussi été nécessaires l’été dernier alors que le ministre Dubé tenait à ce que les travailleurs de la santé prennent leurs vacances durant la saison estivale. Malgré des efforts de recrutement intensif au cours de l’année, le réseau se retrouve de nouveau en situation de pénurie de personnel. Pourquoi ? « Parce que c’est difficile de recruter des gens, c’est excessivement difficile », a-t-il dit.

Selon le ministre, le MSSS est parvenu à « minimiser » les départs avec les avantages incitatifs et les mesures d’attraction mis en place par le gouvernement.

QS réclame un plan

Québec solidaire réclame que le gouvernement Legault adopte un plan d’urgence pour assurer les services sur l’ensemble du territoire durant la saison estivale. « Christian Dubé ne peut pas partir en vacances sans avoir un plan pour pallier les fermetures d’urgence cet été », a déploré le député Vincent Marissal.

« Plusieurs hôpitaux du Québec vont subir des bris de services et des fermetures d’urgence. À Matane, on est rendu à la cinquième rupture des services d’obstétrique en 2022, et à Fortierville, l’urgence du CLSC sera fermée la nuit à partir du 1er juillet ! Combien de personnes vont se buter à des portes fermées dans les urgences du Québec cet été ? Est-ce que la CAQ est fière de son bilan en santé ? », a-t-il ajouté.

Sur Twitter, le député du Parti québécois Joël Arseneau a critiqué « la seule solution » de la Coalition avenir Québec. « L’échec est total, lamentable et dévastateur pour les soignants comme pour les patients », a-t-il déploré. Le libéral Monsef Derraji a évoqué une « gestion chaotique » du réseau par le gouvernement de François Legault alors que « le système de santé nous coûte 1 milliard par semaine avec un piètre résultat ».

Avec la collaboration de Frederik-Xavier Duhamel et de Pierre-André Normandin, La Presse