Le mélanome gagne du terrain au pays, révèle une étude de l’Université McGill. Mais alors que les Canadiens sont de plus en plus nombreux à contracter cette forme de cancer de la peau, ils sont moins nombreux à en mourir. Voici six faits saillants du rapport.

Taux de mortalité en baisse

Pour la première fois depuis 2013, le taux de mortalité lié au mélanome est en baisse au Canada, annonce l’étude. Les chercheurs de l’Université McGill estiment que cette baisse résulte des nouveaux traitements d’immunothérapie ciblés. Par comparaison, le taux de mortalité dans le monde a augmenté de 32 % entre 2008 et 2018.

Taux d’incidence en hausse

Au Canada, le nombre de cas de cancers cutanés grimpe de 0,5 par 100 000 personnes chaque année. Entre 1992 et 2010, le taux d’incidence était de 12,29 par 100 000 personnes ; il affiche 20,75 entre 2011 et 2017.

Selon le rapport, les changements climatiques et l’amincissement de la couche d’ozone pourraient expliquer ces taux d’incidence, qui devraient continuer d’augmenter.

Les 60 ans et plus, un groupe à risque

Les personnes de 60 ans et plus sont les plus à risque de contracter le mélanome. Selon le DIvan Litvinov, un des chercheurs de l’étude et professeur adjoint au département de médecine de l’Université McGill, le risque de contracter un cancer de la peau est lié à l’âge. Le nombre de coups de soleil attrapés pendant l’adolescence, la vingtaine et la trentaine (cumul d’expositions aux rayons ultraviolets) fait également partie des facteurs.

Les personnes plus jeunes sont aussi à risque de contracter cette maladie, souligne le DLitvinov. Le lieu de résidence, les antécédents personnels et l’hérédité entrent aussi en ligne de compte.

Les hommes davantage touchés

Plus d’hommes que de femmes sont affectés par le mélanome, dans une proportion de 54 % contre 46 %. Ce taux exclut toutefois les cas de mélanome qui apparaissent sur les doigts. Ce type de cancer touche principalement les femmes.

« Cette différence est probablement due à une plus grande exposition aux rayons ultraviolets dans les salons de manucure », note le DLitvinov.

Chez les femmes, le cancer de la peau touche davantage les jambes et les bras. Chez les hommes, le cou, la tête et le tronc sont les plus atteints.

« Les hommes ont tendance à plus s’exposer au soleil et à utiliser moins de crème solaire que les femmes, explique le professeur. Les femmes ont tendance à mettre plus de shorts et de jupes. Leurs cheveux plus longs, leur maquillage et la crème solaire qu’elles utilisent les protègent naturellement plus du soleil. »

Le lieu de résidence : un facteur

Le mélanome touche davantage les personnes qui vivent dans les régions du sud et côtières du pays. Les plus hauts taux de mortalité et d’incidence ont été enregistrés en Nouvelle-Écosse et à l’Île-du-Prince-Édouard. Le sud de l’Ontario, le Nouveau-Brunswick et le sud de la Colombie-Britannique affichent également des taux d’incidence élevés. Ces chiffres sont liés à des comportements dangereux liés à l’exposition au soleil, précise le DLitvinov.

« Il y a plus d’occasions pour les gens de prendre du soleil dans ces régions. Les vêtements pour sports nautiques devraient être une pratique courante. Les gens utilisent la crème solaire, mais probablement pas assez souvent. En tant que dermatologue, je dis à mes patients de sortir dehors, mais de ne pas se faire bronzer. »

Le Québec exclu

L’étude nationale dirigée par l’Université McGill comprend les données de toutes les provinces du Canada, sauf celles du Québec. La Belle Province a été exclue, puisque « le Registre québécois du cancer n’a pas publié de données après 2010 », souligne l’étude.

Ce retard dans la publication des données a déjà été reproché au ministère de la Santé et des Services sociaux. Dans un courriel envoyé à La Presse, le Ministère soutient que « les travaux sont en cours » pour publier les données plus récentes.

« Nous n’avons pas de données pour le Québec de 2010 à 2017, affirme le DLitvinov. Mais ce qui est vrai pour les autres provinces devrait être aussi vrai pour le Québec. »