La nouvelle politique sur les services préhospitaliers que Québec compte déposer dans les prochaines semaines devrait « faire plaisir » aux techniciens ambulanciers paramédicaux, a soutenu lundi le ministre de la Santé Christian Dubé, au moment où la pénurie de main-d’œuvre inquiète de plus en plus dans le milieu.

« On va déposer dans les prochaines semaines une politique du préhospitalier qui fera plaisir aux intervenants, je pense », a-t-il offert lors d’une conférence de presse tenue à Montréal en après-midi.

M. Dubé a du même coup réitéré qu’il envisage de créer un « ordre professionnel » pour les ambulanciers, afin de régler certaines problématiques plus facilement. Il n’exclut pas non plus d’intégrer éventuellement le secteur préhospitalier au guichet d’accès à la première ligne (GAP), qui est toujours en déploiement partout au Québec, afin que les ambulanciers puissent orienter un patient vers d’autres services au besoin.

« C’est très possible. L’intelligence artificielle permet de le faire. Mais on va commencer par marcher avec le GAP. […] L’enjeu est que c’est plus délicat. Quand on appelle au 911, parce qu’on ne veut pas que ça niaise trop longtemps avant d’être redirigé », a-t-il précisé à ce sujet.

Le tout survient alors qu’Urgences-santé a conclu la semaine dernière une « entente de principe » avec Québec, a rappelé Christian Dubé, en parlant d’un « grand déblocage » qui, espère-t-il, permettra de ne plus regarder derrière. « Tout ça va évoluer beaucoup dans les prochains mois », a encore insisté le ministre.

Des prochaines années « difficiles »

Pour le chef de service, gestion des équipes opérationnelles et porte-parole d’Urgences-santé, Stéphane Smith, force est de constater que les prochaines années seront beaucoup plus « difficiles » pour ses équipes, qui devraient face à une pénurie de plus en plus marquée. La principale raison est que depuis quelques années, les ambulanciers doivent compléter une technique de trois ans. Avant, il ne fallait qu’une seule année pour obtenir sa diplomation professionnelle.

« Il y aussi le fait qu’on voit arriver une génération beaucoup plus jeune, qui a tendance à aller chercher d’autres diplômes et à faire deux ou trois métiers différents dans leur carrière. Et puis, il y a la grève qui est venue nuire à notre pénurie, parce qu’il n’y avait pas de stages qui pouvaient être faits », ajoute M. Smith.

Ce dernier avait toutefois prévenu dès 2019, dans un article de La Presse, que le Québec pourrait vivre une importante pénurie de techniciens ambulanciers paramédicaux dès 2022 si rien n’était fait pour corriger le tir. Déjà à l’époque, l’organisation planchait sur différentes solutions, dont l’intégration d’infirmières à même son Centre de communication santé, afin de réévaluer certains appels, rediriger des patients vers d’autres services et ainsi éviter des transports ambulanciers.

« Souvent, il y a des patients qui appellent l’ambulance, mais qui, en bout de ligne, auraient par exemple besoin d’un psychologue », illustre le porte-parole, en insistant sur le fait qu’Urgences-santé aimerait pouvoir se concentrer sur les appels « urgents », pour « augmenter le taux de survie ». « Ça voudrait aussi souvent dire une meilleure prise en charge qu’à l’urgence, où il y a aussi une pénurie de personnel », dit-il.