Québec espère réduire de moitié le nombre de patients en attente d’un médecin de famille d’ici un an grâce à l’entente de principe conclue dimanche avec la Fédération des médecins omnipraticiens (FMOQ).

En entrevue avec La Presse, le ministre de la Santé, Christian Dubé, a précisé que l’entente prévoyait la prise en charge de 500 000 Québécois inscrits au Guichet d’accès à un médecin de famille (GAMF) d’ici le 31 mars 2023.

Pas moins de 990 395 patients orphelins sont inscrits en ce moment sur cette liste, a précisé par la suite son cabinet, un chiffre qui a plus que doublé depuis trois ans.

Selon une missive de la FMOQ adressée dimanche à ses membres, leur participation « individuelle » aux mesures qui se retrouvent dans cette entente sera toutefois « volontaire » et celle-ci ne prévoit « aucune pénalité ni obligation ».

PHOTO DAVID BOILY, ARCHIVES LA PRESSE

Christian Dubé, ministre de la Santé et des Services sociaux

Pas de pénalités, mais des objectifs

Or, si Québec ne prévoit pas de pénalités ni d’argent supplémentaire pour les médecins de famille au-delà des sommes qu’ils devaient encaisser en vertu d’une entente conclue en 2018, le versement de la totalité de cette enveloppe devient maintenant conditionnel à l’atteinte de certaines cibles.

« Ce que j’ai dit [aux médecins, c’est] : on a une enveloppe substantielle pour être capable de vous payer si vous réalisez des objectifs. Donc il n’y a pas de pénalités, mais il y a des objectifs », explique Christian Dubé.

On n’est pas dans les punitions, mais dans les objectifs généraux.

Christian Dubé, ministre de la Santé et des Services sociaux

Ainsi, si les médecins de famille n’atteignent pas cet objectif de réduire la liste du GAMF de 500 000 patients, ils devront faire une croix sur des paiements additionnels de Québec qui pourraient s’élever à « plusieurs centaines de millions » de dollars et qui n’ont pas été dépensés en raison de la pandémie, selon Christian Dubé.

« [Nous] croyons sincèrement que cette entente améliorera non seulement l’accès aux soins, entre autres pour les patients orphelins, mais qu’à terme, elle permettra aussi aux médecins de famille d’évoluer dans un environnement de travail davantage stimulant, moins lourd et où tout ne reposera plus seulement sur leurs épaules », a indiqué de son côté le président de la FMOQ, Marc-André Amyot, dans sa missive à ses membres.

Des rendez-vous plus rapidement

Un deuxième objectif à atteindre pour les médecins de famille sera celui d’offrir des rendez-vous à courte échéance, entre 36 et 72 heures selon la condition clinique, aux 6,5 millions de Québécois qui sont déjà pris en charge.

« [L’entente], c’est pas juste d’avoir plus de Québécois qui ont un médecin de famille. Ceux qui en ont déjà un doivent être servis dans de meilleurs délais », indique le ministre Dubé.

Les médecins de famille devront donc prévoir des plages horaires réservées à ces rendez-vous de dernière minute.

Québec pourra suivre grâce à différents outils l’évolution de cet indicateur et ensuite s’en servir lors de la prochaine négociation qu’il entreprendra avec la FMOQ à l’automne, indique Christian Dubé.

Finalement, l’entente de principe intervenue dimanche avec la FMOQ place aussi les bases du déploiement des Guichets d’accès à la première ligne (GAP), un nouveau mécanisme pour orienter les patients vers le bon professionnel et au bon endroit.

Les membres de la FMOQ seront informés des détails de l’entente lors de séances virtuelles qui se dérouleront du 9 au 19 mai. Une fois ces séances terminées, ils seront appelés à approuver la mise en place de ces nouveaux paramètres dans le cadre d’un vote électronique consultatif.

Mesures structurantes

« Cette entente de principe n’indique d’aucune façon la fin de l’opposition de la FMOQ à certains articles contre-productifs du projet de loi 11 », prévient toutefois Marc-André Amyot, président de la FMOQ.

La FMOQ s’oppose farouchement au projet de loi 11, qui vise à accroître l’accès aux services de première ligne, et a réclamé son abandon en commission parlementaire, en février. Le syndicat y voit « une version actualisée de la désolante loi 20 » de l’ex-ministre Gaétan Barrette. On craint que le projet de loi 11 ne permette finalement l’imposition de mesures coercitives prévues dans cette loi, mesures qui n’ont jamais été appliquées, faut-il le rappeler.

De son côté, le ministre de la Santé, Christian Dubé, a souligné dimanche « le fruit de plusieurs mois de discussions, parfois intenses, mais toujours avec la vision partagée que le statu quo n’est plus une option en matière d’accès ».