La décision de Santé Canada d’autoriser les médecins à demander l’accès à des drogues psychédéliques pour soigner certains de leurs patients est un grand pas vers la transformation des soins en santé mentale au pays, selon un médecin et un psychologue.

Tous deux s’accordent pour dire que les derniers changements au Programme d’accès spécial ne suffisent pas.

« Il y a encore beaucoup de travail à faire parce que ces médicaments peuvent vraiment, vraiment révolutionner le domaine des soins en santé mentale, affirme le Dr Michael Verbora, le directeur médical d’une clinique de thérapie de Toronto. Je ne veux pas aller plus vite que la science, mais je crois vraiment que si on donne aux patients le moyen de lancer leur propre processus de guérison, le monde s’en portera beaucoup mieux. »

La thérapie psychédélique consiste à donner des substances altérant la conscience comme la psilocybine ou le LSD à des patients dans un environnement clinique.

Santé Canada permet depuis la semaine dernière aux médecins à faire une demande pour prescrire certaines drogues d’usage restreint psychédéliques.

Toutefois, l’agence précise que « toutes les demandes continueront à être évaluées au cas par cas en tenant compte du niveau de preuve concernant l’innocuité et l’efficacité de l’utilisation proposée, ainsi que de la maladie du patient et de son état clinique ».

Les médecins devront faire la demande au nom d’un patient atteint d’une maladie grave ou mortelle. Ils peuvent le faire par l’intermédiaire du Programme d’accès spécial lorsque les traitements conventionnels ont échoué, ne conviennent pas, ou ne sont pas disponibles au Canada.

Pour le Dr Verbora, l’objectif n’est pas de créer une liste d’attente puisque les autorisations n’impliquent que des demandes urgentes. Santé Canada a déjà prévenu que les demandes seront traitées dans un délai d’un à deux jours ouvrables suivant leur réception. Toutefois, la question de savoir quand la décision sera prise à leur sujet demeure nébuleuse.

Le médecin estime que les changements permettent d’avoir une approche rationnelle de l’accès à des drogues à usage restreint.

« Malheureusement, si on souffre d’une maladie en phase terminale, il ne nous reste plus beaucoup de temps à vivre. On n’a pas le temps d’envoyer une demande au gouvernement et d’attendre une réponse pendant des mois », dit-il.

Brian Welling, un psychologue établi à Edmonton, qualifie l’approche de « révolutionnaire ».

C’est le plus grand pas en avant de l’histoire des soins en santé mentale depuis l’invention de la psychothérapie.

Brian Welling, psychologue

« J’ai utilisé plusieurs fois des drogues psychédéliques. Je ne souffrais pas d’une grave maladie menaçant ma vie, mais pour mes problèmes personnels et mon propre parcours spirituel, ces expériences m’ont transformé », a lancé M. Welling.

Le Dr Verbora qui a présenté cette semaine une première demande au nom d’un patient, croit que l’un des grands défis sera de bien former les praticiens sur la thérapie psychédélique.

« La responsabilité tombe sur les épaules du praticien qui devra s’occuper de toute la paperasse, ce qui est l’équivalent en temps d’écrire 100 prescriptions, souligne-t-il. Quand j’ai accès aux médicaments, je dois l’entreposer. Je devrais éduquer le patient sur le médicament. »

Cet article a été produit avec le soutien financier des Bourses Facebook et La Presse Canadienne pour les nouvelles.