Des cliniques dentaires offrant des soins préventifs et curatifs de première ligne à des personnes à faible revenu ou vivant en région éloignée seront mises en place au Québec.

Il s’agit de cinq projets pilotes qui seront implantés à Sainte-Anne-des-Monts, en Gaspésie, à Gatineau, à Val-des-Sources, en Estrie, ainsi que dans deux cliniques sur l’île de Montréal, a annoncé lundi le ministre de la Santé et des Services sociaux, Christian Dubé.

Québec injectera 3 millions de dollars pour la première année. Les cliniques pourraient fournir des services à environ 22 000 personnes.

« Malheureusement, avec le système que l’on connaît, il y a beaucoup de personnes qui se privent de soins buccodentaires et qui ne devraient pas. Et c’est à nous comme gouvernement de trouver une solution pour ça », a affirmé M. Dubé en conférence de presse, à Gaspé.

Ces projets pilotes représentent une première phase en vue notamment de réduire les inégalités en santé dentaire et de développer l’intégration de la médecine dentaire au système de santé. Une seconde phase est possible selon les résultats observés. Celle-ci pourrait permettre à environ 600 000 personnes de bénéficier de services dentaires, soit autour de 7 % de la population du Québec, explique-t-on par voie de communiqué.

« Un élargissement éventuel de la gamme de services offerts ainsi que des clientèles admissibles pourrait être également prévu », poursuit-on.

Aucun échéancier n’a été précisé concernant les différentes phases.

Questionné à savoir si cet investissement profile un engagement du gouvernement Legault en vue d’élargir la couverture publique des soins dentaires, le ministre Dubé a expliqué qu’il s’agissait plutôt de régler des problèmes locaux.

« On veut agir en région avec des enjeux locaux. Ça, c’est notre approche. […] Ici (en Gaspésie), c’est un enjeu d’attraction de dentiste. Ce n’est pas particulièrement un enjeu de rémunération », a-t-il affirmé.

Actuellement au Québec, des services publics en dentisterie sont offerts entre autres aux enfants de 9 ans et moins, aux résidants en CHSLD et aux bénéficiaires d’un programme d’assistance sociale.

Le maire de Sainte-Anne-des-Monts, Simon Deschênes, a mentionné que la Haute-Gaspésie avait perdu son dernier dentiste en août dernier.

« La rétention du personnel, le mode de séduction vont se mettre en marche dès demain », a-t-il déclaré.

L’implantation, le recrutement et la rémunération du personnel seront principalement sous la responsabilité des CISSS et CIUSSS. En Haute-Gaspésie, le CISSS fera l’acquisition de la clinique du dentiste parti récemment à la retraite et embauchera notamment deux dentistes et deux hygiénistes dentaires, a détaillé la PDG Chantal Duguay.

Le ministre Dubé a précisé que la clinique accueillera d’abord des dentistes itinérants venant sur une base temporaire et pourra opérer une fois le personnel en poste.

« Une avancée »

L’Ordre des dentistes du Québec (ODQ) considère l’annonce comme « un premier pas vers la reconnaissance de l’importance des soins de santé buccodentaire parmi l’ensemble des soins de santé des Québécois ».

« Cette annonce répond en partie à une demande de longue date de l’Ordre d’intégrer une partie des activités de médecine dentaire, notamment les soins préventifs, dans le système public de santé, ce qui permettra la mise en place d’un plus grand nombre de corridors de service », a commenté le président de l’ODQ, le DGuy Lafrance, dans un communiqué.

Il voit cet investissement comme « une avancée », mais soutient qu’« il reste encore du chemin à parcourir pour donner accès » à ces services à un plus grand nombre de Québécois.

L’ODQ explique que ces projets pilotes découlent d’une analyse réalisée par le ministère de la Santé sur l’accès aux soins dentaires au Québec, auquel il a participé en 2019 et 2020.

La Fondation de l’Ordre des dentistes du Québec voit aussi l’annonce comme « un pas dans la bonne direction » pour les soins buccodentaires offerts aux personnes vulnérables.

« Nous sommes particulièrement heureux de cet engagement gouvernemental important qui contribuera à accroître l’accès à des soins qui peuvent avoir une incidence notable sur le bien-être de ces populations, que ce soit d’un point de vue physique, psychologique, professionnel ou scolaire », a indiqué la directrice générale, Me Isabelle Maheu, aussi par voie de communiqué.