Les médecins de l’hôpital de Lachine se cotisent pour offrir une prime annuelle de 15 000 $ pendant deux ans aux trois premiers inhalothérapeutes qui viendront travailler dans leur établissement de santé. Une mesure exceptionnelle visant à rouvrir les urgences de l’hôpital, qui sont fermées les soirs et les nuits.

Depuis le 7 novembre et pour une durée indéterminée, les patients qui souhaitent se faire soigner aux urgences de l’hôpital de Lachine sont redirigés vers les hôpitaux avoisinants, entre 19 h 30 et 7 h.

Le Centre universitaire de santé McGill (CUSM), dont fait partie l’hôpital de Lachine, avait annoncé cette mesure à la fin du mois d’octobre, en raison d’une pénurie « critique » d’infirmières et d’inhalothérapeutes. Cette décision avait suscité l’indignation et donné lieu à la tenue de deux rassemblements pour s’y opposer.

« Notre exécutif a pris cette décision en urgence. Nous avons calculé l’argent que nous avons, combien nous auront, et comment nous allons [le] dépenser », explique le DPaul Saba, président du Conseil des médecins de l’hôpital de Lachine. La décision a été adoptée à l’unanimité, après de nombreuses discussions.

PHOTO PASCAL RATTHÉ, ARCHIVES COLLABORATION SPÉCIALE

Le Dr Paul Saba, président du Conseil des médecins de l’hôpital de Lachine

Le médecin raconte avoir découvert que les inhalothérapeutes ne pouvaient pas bénéficier des primes offertes par le gouvernement du Québec s’ils travaillaient à l’hôpital de Lachine, au contraire des hôpitaux situés au centre-ville de la métropole.

« On a décidé de faire des levées de fond et de cotiser de la part de chaque médecin pour garder l’hôpital à flot, parce que ça nous tient à cœur », déclare pour sa part le DGeorges Zaarour.

Le Dr Saba espère que cet incitatif attirera des inhalothérapeutes qui travaillent dans d’autres hôpitaux du CUSM ou qui sont à la retraite ou en préretraite.

Le CUSM estimait que deux ou trois inhalothérapeutes étaient nécessaires pour éviter la fermeture de l’hôpital de Lachine.

Diminution de l’affluence

Depuis la fermeture partielle de ses urgences, l’hôpital de Lachine a vu son affluence diminuer. Le Dr Zaarour estime que le volume de fréquentation de l’hôpital a chuté de 50 %.

« Même le jour, ça a eu un impact : les patients ne se présentent pas. J’ai l’impression que certains ont compris que l’urgence était complètement fermée », souligne le DZaarour.

Le médecin croit que certains patients se sont dirigés vers des cliniques sans rendez-vous et d’autres hôpitaux, mais que d’autres ne vont tout simplement pas se faire soigner.

« [Est-ce que] dans quelques semaines, on aura une petite augmentation du taux de mortalité dans l’arrondissement de Lachine ? On ne le sait pas, c’est prématuré », dit-il.

« Nos patients sont extrêmement vulnérables. Ils sont dans un [endroit] vraiment enclavé. Ils n’ont pas les moyens de se payer une ambulance à 150 $ pour aller dans un centre hospitalier », poursuit le Dr Zaarour.

Au cours de ses trois ans de pratique à l’hôpital de Lachine, le Dr Zaarour raconte avoir vu à de nombreuses reprises des patients marcher jusqu’à l’hôpital pour aller se faire soigner à la suite d’une crise cardiaque.