(Ottawa) Une médecin de famille d’Ottawa qui a organisé, plus tôt cette année, des cliniques de vaccination massive contre la COVID-19 demande au premier ministre d’agir pour mieux protéger le personnel de la santé contre les menaces.

Les cliniques de vaccination « jabapalooza » de la Dre Nili Kaplan-Myrth, organisée en plein air dans un quartier résidentiel au printemps dernier, avaient attiré l’attention. Mais après avoir reçu une lettre de menaces, elle annonce qu’elle n’organisera pas de nouvel évènement au moment où le vaccin sera approuvé pour les jeunes enfants.

« Je suis carrément effrayée de sortir de mon cabinet, même en plein jour, parce que quelqu’un a dit qu’il allait me tuer », a-t-elle confié en entrevue jeudi.

« Alors comment pourrais-je rassembler et immuniser des gens qui ne sont pas mes patients ? », a-t-elle ajouté.

La Dre Kaplan-Myrth affirme même ne pas se sentir en sécurité de marcher seule dans son propre quartier.

« C’est une chose quand il s’agit d’un troll sur Twitter qui vous dit que vous êtes une personne horrible d’immuniser les gens. On peut facilement bloquer ce genre de vitriol, observe-t-elle. Mais c’en est une autre quand quelqu’un écrit une lettre disant que je devrais être tuée… C’est une ligne qui ne peut pas être franchie. »

La menace était inscrite dans une lettre qu’a pu consulter La Presse Canadienne et qui a été envoyée au Collège des médecins et chirurgiens de l’Ontario.

Dans une déclaration transmise jeudi, le collège dit être au courant que la Dre Kaplan-Myrth a été la cible de menaces en lien avec la pandémie de COVID-19.

« Tout changement significatif dans les politiques de santé publique, comme on a pu le voir pendant la pandémie, entraîne souvent comme conséquence des comportements agressifs ou d’intimidation du public envers les médecins et le personnel (du collège) », a commenté l’institution.

Le collège assure qu’il informe toute personne visée par une menace dès qu’il en prend connaissance et qu’il encourage les médecins à communiquer avec leur service de police local. De plus, le collège indique ne pas tenir compte des plaintes qui ne concernent pas les soins cliniques ou la conduite professionnelle d’un membre.

La Dre Kaplan-Myrth dit avoir transmis la lettre au Service de police d’Ottawa, ce qu’a pu confirmer un porte-parole des forces de l’ordre. Les policiers ont confirmé que la menace vise une seule personne et ne met pas en danger la communauté.

La médecin omnipraticienne interpelle le premier ministre Trudeau parce qu’elle dit ne pas avoir reçu le soutien demandé auprès du gouvernement de l’Ontario. Elle a d’ailleurs lancé un cri d’alarme sur Twitter, jeudi matin.

« Chaque fois que le premier ministre dit, « continuez, allez vous faire vacciner », il parle à la population canadienne, a-t-elle écrit. Mais aussi, il y a les travailleurs de la santé qui font le travail sur le terrain et c’est nous qui prenons les coups. »

Au cours de la récente campagne électorale fédérale, les libéraux ont promis d’imposer de nouvelles sanctions criminelles aux personnes qui bloqueraient l’accès à des cliniques de vaccination, à des hôpitaux, à des centres de dépistage et à des cliniques d’avortement. Ces nouvelles règles s’appliqueraient aussi à toute personne qui intimide ou menace des travailleurs de la santé.

Le NPD avait aussi formulé une promesse semblable. Les deux partis réagissaient alors à la tenue de manifestations anti-mesures sanitaires devant les hôpitaux.

Lundi, le leader en chambre du gouvernement, Mark Holland, a réitéré que cette promesse se trouvait parmi les priorités en haut de liste.

Une porte-parole du cabinet du premier ministre, Ann-Clara Vaillancourt, a reconnu que toute forme de harcèlement envers le personnel de la santé est inadmissible. Elle a répété que le gouvernement allait remplir sa promesse de modifier le Code criminel pour inclure le harcèlement ou les menaces visant le personnel soignant.

Cet article a été produit avec l’aide financière des Bourses Facebook et La Presse Canadienne pour les nouvelles.