(Québec) Le Parti libéral rompt avec la technique Barrette : Dominique Anglade annonce un virage vers la collaboration et la négociation pour permettre un meilleur accès aux médecins de famille.

« La loi 20 a été adoptée il y a plusieurs années, ne s’applique plus dans le contexte actuel », a dit la cheffe libérale mercredi en point de presse. Cette loi, adoptée en 2015 par le gouvernement Couillard, prévoyait des pénalités financières pour les médecins qui ne prenaient pas un minimum de patients, mais ce bâton n’a jamais utilisé.

Si la loi 20 ne « s’applique plus », c’est parce que la donne a changé, a expliqué la cheffe. « On a aujourd’hui 830 000 personnes, plus que ça maintenant, qui sont en attente d’un médecin de famille. On vient de passer à travers une pandémie, on est en train de fermer des urgences. On a un réseau qui est extrêmement fatigué. Donc, ce n’est pas les mêmes conditions qu’on avait au moment l’adoption de la loi. Il faut repenser notre manière de faire pour s’appliquer au contexte actuel », a-t-elle dit. Selon elle, la solution passe plutôt par une renégociation avec les médecins.

Jusqu’à tout récemment, le Parti libéral n’avait pas de position claire à ce sujet. L’ancien ministre et député Gaétan Barrette, lui, continuait publiquement de défendre son héritage. « J’espère [que François Legault] va aller jusqu’au bout parce qu’il n’y a pas un médecin qui va quitter, il n’y aura pas d’exode, il y a [seulement] quelques docteurs qui vont se lamenter parce qu’ils vont perdre une certaine qualité de vie », disait-il dans une entrevue avec le Journal de Montréal il y a deux semaines.

Frictions

Ces sorties répétées provoquaient des frictions au sein du caucus libéral qui ont culminé par une sortie publique de la députée Marie Montpetit, alors critique en santé. Elle avait demandé à M. Barrette de changer son ton sur les réseaux sociaux. Quelques jours plus tard, Dominique Anglade avait retiré aux deux élus leur poste de porte-parole. Mme Montpetit a ensuite été exclue du caucus à la suite d’allégations de harcèlement psychologique.

C’est désormais Mme Anglade qui s’occupe personnellement du dossier de la santé pour permettre au PLQ « d’arriver avec une position qui soit claire, compréhensible », a-t-elle expliqué. Le discours officiel va donc changer, et devra être porté par tous les députés du parti, incluant l’ancien ministre. « M. Barrette fait pas partie du caucus, et ce sera une décision de caucus », a dit Dominique Anglade.

Elle affirme que le PLQ présentera sa nouvelle position, plus large, qui concerna également les infirmières, et qui prendra en compte les effets de la pandémie sur le réseau de la santé.

Son équipe a également souligné que Mme Anglade ne siégeait pas au conseil des ministres lorsque la loi 20 a été adoptée le 10 novembre 2015. Elle se faisait élire pour la première fois la veille, le 9 novembre, dans sa circonscription de Saint-Henri–Sainte-Anne.