(Montréal) Les membres d’une douzaine de syndicats reliés à la Fédération interprofessionnelle de la santé du Québec (FIQ) ne font pas de « temps supplémentaire obligatoire » (TSO) cette fin de semaine. Un moyen de pression qui vise à dénoncer des conditions de travail « inhumaines », dit le syndicat.

La FIQ a mis en demeure le ministre de la Santé et des Services sociaux, Christian Dubé, vendredi, afin qu’il mette fin à « l’utilisation abusive » des heures supplémentaires obligatoires d’ici le 15 novembre.

« C’est inhumain. Ça fait une surcharge énorme sur les épaules des soignants, qui sont en conflit [entre] tout ce qu’ils veulent faire pour les patients et leurs capacités », déclare Françoise Ramel, présidente du Syndicat des professionnelles en soins de santé du Centre-Sud-de-l’Île-de-Montréal, affilié à la FIQ, en entrevue avec La Presse.

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Françoise Ramel, présidente du Syndicat des professionnelles en soins de santé du Centre-Sud-de-l’Île-de-Montréal

Les infirmières ne veulent pas laisser tomber leurs patients, mais la fatigue des soignantes contraintes d’assurer un quart de travail de 16 heures met « les soins à risque », explique Mme Ramel.

Christian Dubé a dit souhaiter mettre fin au TSO, en point de presse vendredi.

« Maintenant, la recette n’est pas compliquée, ça prend du monde », a-t-il déclaré, disant que l’enjeu actuel était de recruter du personnel.

Mme Ramel estime que le gouvernement provincial doit trouver des solutions en consultant le personnel de la santé.

C’est la mauvaise gestion et la mauvaise organisation qui créent le TSO. C’est une façon de gérer qu’ils ont depuis des années.

Françoise Ramel, présidente du Syndicat des professionnelles en soins de santé du Centre-Sud-de-l’Île-de-Montréal

« Maintenant, on leur dit stop, ça suffit, vous ne pouvez plus nous laisser comme ça », plaide-t-elle.

Même si l’entrée en vigueur de la vaccination obligatoire le 15 novembre accentuera la pénurie de personnel dans le réseau de la santé, Françoise Ramel estime que le TSO découle d’une problématique administrative qui se fait sentir depuis « longtemps ».

« Il n’y a aucune autre profession où on vous fait rentrer comme ça et où vous ne savez pas quand vous partez, que votre quart de travail ne finit jamais », déplore la présidente de syndicat.

La FIQ réclame des solutions à long terme afin de mettre fin au TSO, dont l’instauration de ratios personnel/patients.

Pas de ruptures de services cette fin de semaine

Les 12 syndicats de la FIQ refusant le TSO ce week-end sont répartis dans les régions de Montréal, des Laurentides, de Lanaudière, de l’Outaouais, de l’Abitibi, de la Montérégie, de la Mauricie, du Centre-du-Québec, du Bas-Saint-Laurent, de la Capitale-Nationale et de Chaudière-Appalaches.

Au moment de publier, aucun CIUSSS de la province ne signalait de ruptures de services.

Pour le moment, nous ne rapportons aucune rupture de soins ou de services sur le territoire du CIUSSS de la Capitale-Nationale.

Mathieu Boivin, porte-parole du CIUSSS de la Capitale-Nationale

Le CIUSSS de la Capitale-Nationale mobilisera du personnel-cadre au besoin afin d’éviter une pénurie de personnel au courant de la fin de semaine, précise-t-il.

En ce qui concerne le CIUSSS du Centre-Sud-de-l’Île-de-Montréal, Françoise Ramel observe que l’employeur s’était préparé à ce moyen de pression, et que tout se déroule dans le calme.

Au CISSS de Chaudière-Appalaches, des gestionnaires pallient les quarts de travail qui auraient dû être effectués en TSO cette fin de semaine.

« En lien avec l’opération sans TSO de la FIQ au sein de notre établissement, le bilan de la dernière nuit nous indique qu’à peine une dizaine de quarts de travail ont été réalisés en TSO dans tout le CISSS. Pour aujourd’hui [samedi], nous avons seulement 7 à 8 quarts de travail prévus en TSO et une dizaine de quarts de travail à [pourvoir] », détaille Geneviève Dion, agente aux relations publiques du CISSS de Chaudière-Appalaches.

Le CHU de Québec–Université Laval affirme pour sa part tenter d’éviter l’emploi du TSO au quotidien, mais précise qu’il n’est pas impossible qu’il y ait recours. « Au niveau de l’impact sur l’accès aux services, il est possible que nous devions diminuer le nombre de lits utilisés pour [nous] assurer d’avoir la main-d’œuvre requise », affirme le centre hospitalier universitaire.

Le CIUSSS de la Mauricie et du Centre-du-Québec ne rapporte pas de ruptures de services non plus. Cependant, « une présence intensifiée des gestionnaires sur le terrain est réalisée cette fin de semaine afin de suivre attentivement la situation, mobiliser les équipes et faciliter la transition entre les différents quarts de travail », a précisé par écrit Maude Bourgeois, agente aux services des communications de l’organisation.

Avec La Presse Canadienne