(Québec) Un gouvernement Anglade aurait procédé plus tôt avec la vaccination obligatoire dans le réseau de la santé, et en se donnant une plus grande marge de manœuvre.

C’est ce qu’a laissé entendre en entrevue, jeudi, la cheffe de l’opposition officielle, Dominique Anglade, qui revenait sur l’« échec » du ministre de la Santé, Christian Dubé.

Selon elle, le ministre s’est coincé lui-même dans un échéancier trop serré, en annonçant en septembre que la vaccination serait obligatoire à compter du 15 octobre.

Voyant que 22 000 employés n’étaient toujours pas adéquatement vaccinés, et que leur départ risquait de mettre le réseau en péril, M. Dubé a dû reculer sur cet objectif mercredi et repousser la date butoir au 15 novembre.

« C’est vraiment un échec, a déclaré Mme Anglade. Ça aurait été différent s’il s’y était pris plus tôt. On attend toujours avec la CAQ à la dernière minute pour prendre une décision. Après ça, on est pris avec des problèmes. »

Un gouvernement libéral aurait annoncé la vaccination obligatoire pour les travailleurs de la santé en janvier 2021 et se serait donné six mois, et non six semaines, pour la mettre en place, a-t-elle indiqué.

« Quand tu as le temps […] de dire : « On va prioriser les employés de la santé, on va […] sensibiliser », il y a tout un travail qui peut se faire en amont. C’est sûr que si tu attends à la dernière minute, tu es pris de court. »

La cheffe libérale maintient qu’il aurait été possible dans un premier temps d’imposer la vaccination obligatoire en santé, puis de l’élargir au cours de l’été à d’autres secteurs, comme l’éducation.

Désormais, « le pouvoir de négociation, il est drôlement affecté, c’est ça la réalité, se désole-t-elle. Les antivax, ils ont gagné, parce que tu leur donnes le gros bout du bâton.

« Si tu n’as pas mis ta menace à exécution cette fois-ci, qu’est-ce qui va leur faire croire que ça va passer la prochaine fois ? C’est ça l’enjeu, d’où l’échec vraiment important du ministre Dubé.

« Il vient de perdre un énorme rapport de force », insiste-t-elle.

Attirer la main-d’œuvre

Mme Anglade se dit par ailleurs pleinement consciente de la pénurie de main-d’œuvre qui sévit dans le réseau de la santé ainsi que partout ailleurs au Québec.

En tournée sur la Côte-Nord, elle a proposé diverses mesures pour retenir les travailleurs, dont un congé total de cotisation au Régime de rentes du Québec pour les 62 ans et plus qui reviennent au travail.

Cela représenterait des économies de 3300 $ par année. Les libéraux bonifieraient aussi le seuil d’admissibilité au crédit d’impôt pour travailleurs expérimentés de 35 205 $ à 45 000 $.

Ils proposent également de hausser les seuils d’immigration à 52 000, d’accélérer le traitement des dossiers de travailleurs qualifiés dans ARRIMA et de régulariser le statut des immigrants à statut précaire.

Des renforts en santé, annonce Dubé

En attendant, l’opération charme lancée récemment par le gouvernement auprès des infirmières continue de porter ses fruits, a annoncé M. Dubé.

Déjà, 1756 personnes ont accepté de prêter main-forte dans le réseau de la santé ; c’est 749 de plus que la semaine dernière, a-t-il indiqué dans un communiqué diffusé jeudi.

Parmi ces personnes, 58 étaient à la retraite (+ 2), 351 provenaient des agences privées (+ 120) et 1347 travaillaient à temps partiel et sont passées à temps complet (+ 627).

Près de 2400 candidats potentiels sont également en réflexion, une augmentation de 400 par rapport à la semaine dernière, a ajouté M. Dubé.

Québec offre des primes de 12 000 $ à 18 000 $, pour un total pouvant atteindre 1 milliard, afin de ramener dans le réseau public de la santé au moins 4000 infirmières dans les prochains mois.