(Montréal) Un médecin de l’Hôpital du Sacré-Cœur-de-Montréal est devenu vendredi dernier le premier au Canada à utiliser un outil qui réduirait les risques de complications et maximiserait les chances d’un résultat optimal pour les patients qui ont besoin d’une intervention chirurgicale en raison d’un vaisseau sanguin obstrué.

Lors d’une telle procédure, un hémodynamicien insère normalement un premier guide (un fil métallique très fin) dans l’artère afin d’aller mesurer la pression qui existe de l’autre côté de l’obstruction. Il doit ensuite retirer ce fil et en insérer un autre pour aller régler le problème, puis recommencer le scénario tant qu’il n’est pas satisfait du résultat.

L’outil qui a été utilisé en grande première canadienne vendredi, le guide OmniWire du géant néerlandais Philips, permet de tout faire avec un seul guide qui reste en place pendant toute la durée de l’intervention.

« C’est une technologie révolutionnaire, a lancé le docteur Erick Schampaert, à qui La Presse Canadienne a parlé quelques minutes à peine après l’intervention. Il y a moins de manipulations, donc théoriquement parce qu’on utilise le même guide, il y a moins de risques de complications de remonter et redescendre et remonter et redescendre plusieurs guides différents. La procédure est plus rapide. »

Non seulement le nouveau guide permet-il de mesurer avec précision la pression dans l’artère afin de prendre la pleine mesure du problème, mais le médecin peut ensuite l’utiliser pour acheminer les ballonnets et les tuteurs dont il a besoin jusqu’au site de l’obstruction.

En plus de risques de complications amenuisés, la durée de la procédure serait raccourcie de cinq ou dix minutes pour chaque vaisseau sur lequel on doit agir.

Une fois l’intervention terminée, le guide permet de reprendre la pression à l’intérieur de l’artère afin de vérifier si tout est rentré dans l’ordre.

« La beauté de tout ça c’est qu’à la fin de la procédure, ce même guide-là […] a pu confirmer que le résultat d’angioplastie était optimal, que la circulation était revenue à la normale, a expliqué le docteur Schampaert. Il n’y avait pas d’inquiétude que le patient ait de l’angine résiduelle et ça minimise évidemment les risques de complications dans le futur pour ce patient-là. »

Des études antérieures auraient démontré que l’angioplastie se traduit par un résultat moins qu’optimal chez environ 20 % des patients, puisqu’un rétrécissement difficile à détecter et nécessitant de nouveaux gestes persisterait.

« Il faut être humbles et se souvenir que quand on fait une angioplastie […], on ne fait peut-être pas un travail optimal chez tous nos patients, même si on pense que oui, a dit le docteur Schampaert. L’utilisation du nouveau guide permet de vérifier le résultat de l’intervention en quelques secondes seulement. »

Au moins trois groupes canadiens, dont un à Montréal, étaient intéressés à être les premiers à utiliser cet outil au Canada. Les deux autres se seraient désistés au profit de Sacré-Cœur, dont l’expertise en matière de physiologie coronarienne est apparemment bien connue.

« C’est une belle occasion de rendre un peu fiers les Québécois en général », a dit le docteur Schampaert.