(Ottawa) Défiant un comité de la Chambre des communes, le président de l’Agence de la santé publique du Canada (ASPC) refuse d’expliquer pourquoi deux scientifiques du gouvernement ont été congédiés 18 mois après avoir été escortés hors du laboratoire de la plus haute sécurité au Canada.

Iain Stewart avait jusqu’à vendredi pour expliquer aux membres du comité spécial sur les relations entre le Canada et la Chine pourquoi l’ASPC a mis fin à l’emploi de Xiangguo Qiu et de son mari, Keding Cheng, en janvier.

Au lieu de cela, il a envoyé aux députés une lettre disant que la Loi sur la protection des renseignements personnels ne lui permettait pas de partager « des questions d’emploi ou de relations de travail concernant les fonctionnaires ».

Les questions concernant une enquête de la GRC sur les deux scientifiques du gouvernement canadien devraient être adressées à la gendarmerie, a ajouté M. Stewart.

Les deux scientifiques ont été escortés hors du Laboratoire national de microbiologie (LNM) en juillet 2019 pour ce qui avait été décrit à l’époque comme une possible violation de la politique et une question administrative.

Dans sa lettre de vendredi, M. Stewart a lié leur départ à un « certain nombre de processus d’examen » initiés par l’ASPC en 2018, « relatifs à de possibles violations des protocoles de sécurité au LNM ».

Le LNM de Winnipeg est le laboratoire le plus sécurisé au Canada, conçu pour traiter en toute sécurité des germes contagieux mortels comme l’Ebola.

L’ASPC a précédemment déclaré que la sortie escortée du couple n’avait rien à voir avec le fait que quatre mois plus tôt, Xiangguo Qiu était responsable d’une livraison de virus Ebola et Henipah à l’Institut chinois de virologie de Wuhan.

Dans sa lettre, M. Stewart a déclaré que les deux scientifiques « n’avaient pas accès aux installations, aux infrastructures ou aux actifs de l’ASPC » depuis juillet 2019.

Leur emploi a officiellement pris fin le 20 janvier dernier, et depuis lors, l’ASPC a fermement refusé de révéler pourquoi. M. Stewart a cité la Loi sur la protection des renseignements personnels dans sa lettre aux députés.

« La Loi sur la protection des renseignements personnels n’envisage pas expressément la fourniture de renseignements personnels aux parlementaires sur des questions d’emploi ou de relations de travail concernant les fonctionnaires », a-t-il écrit.

Cependant, le député conservateur Garnett Genuis a déclaré que les membres de l’opposition du comité n’avaient pas l’intention de laisser tomber l’affaire.

Les conservateurs et le député du Bloc québécois Stéphane Bergeron ont forcé la tenue d’une réunion du comité d’urgence la semaine prochaine.

Lors de cette réunion, M. Genuis a déclaré qu’il présenterait une motion pour obliger l’ASPC à remettre au comité tous les documents relatifs aux deux scientifiques, sans aucune expurgation. La motion demandera au greffier parlementaire d’examiner les documents afin de déterminer ce qui, le cas échéant, doit être caviardé pour des raisons de sécurité ou de protection de la vie privée.

« Nous n’allons certainement pas laisser tomber », a déclaré M. Genuis dans une entrevue. De toute évidence, il y a quelque chose de plus ici. »

Lors d’une réunion tendue du comité plus tôt cette semaine, M. Stewart a affirmé qu’il explorerait la possibilité de fournir une explication aux membres du comité en toute confidentialité. Sa lettre de vendredi ne mentionnait pas cette option ni pourquoi elle avait manifestement été écartée.

M. Genuis a fait valoir que les témoins ne peuvent pas simplement ignorer les ordres de fournir des informations aux comités de la Chambre des communes, qui, selon lui, « présentent certaines caractéristiques communes avec un tribunal ».

« Les comités parlementaires ne sont pas seulement un groupe de personnes qui se réunissent pour discuter d’un sujet. Ils ont des pouvoirs particuliers en fonction du fait que nous sommes une démocratie et que nos institutions devraient être soumises à un contrôle démocratique. »