Le Dr Vincent Oliva : rattraper les retards en collaborant

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Le Dr Vincent Oliva, radiologiste
S’il est élu président de la FMSQ, le radiologiste Vincent Oliva veut d’abord et avant tout s’attaquer au rattrapage des listes d’attente en médecine spécialisée, qui se sont gravement allongées avec la pandémie. Pour y arriver, il veut « travailler en collaboration » avec le ministère de la Santé.
À la tête de l’Association des radiologistes du Québec depuis cinq ans, le Dr Oliva dit vouloir miser sur une gestion « en équipe » à la FMSQ. Il se présente d’ailleurs avec, à ses côtés, l’actuel président de l’Association québécoise de chirurgie, le Dr Serge Legault, qui brigue la vice-présidence (le neurologue Marc Girard se présente aussi pour le poste). La présidente de l’Association des médecins psychiatres du Québec, la Dre Karine Igartua, se présente également dans l’équipe du Dr Oliva pour obtenir un poste de conseillère.
« Mettre les bouchées doubles »
Le Dr Vincent Oliva est radiologiste d’intervention et dirige le département de radiologie du Centre hospitalier de l’Université de Montréal (CHUM) depuis huit ans. Pour s’attaquer au rattrapage des listes d’attente en chirurgie, il souhaite que la FMSQ et Québec nomment chacun des personnes « qui vont mettre leurs énergies seulement là-dessus et penser aux patients 24 heures sur 24 et voir comment on peut rattraper ».
Le Dr Oliva parle aussi de s’intéresser aux patients qui ont peu vu leur médecin depuis un an et qui ont des maladies déséquilibrées.
Certaines pathologies vont s’être détériorées. Il va falloir mettre les bouchées doubles et s’assurer que, sur le terrain, on soit capables de donner un meilleur accès à ces patients-là.
Le Dr Vincent Oliva
À l’automne, une poursuite a été déposée contre la FMSQ. L’ancien directeur des affaires juridiques de la FMSQ Sylvain Bellavance dénonçait le climat de travail malsain et le « leadership toxique » de la Dre Francœur. Dans sa défense, la FMSQ plaide que M. Bellavance « a largement contribué à envenimer le climat de travail au sein de la FMSQ en tentant, de diverses façons, de saper l’autorité de la présidente ».
Le Dr Oliva dit avoir vécu cette crise de l’extérieur. « Mon objectif, c’est d’arriver avec mon style, qui est de travailler en équipe. D’être inclusif. Oui, il va y avoir un changement de ton. Mon intention, c’est de tendre la main », dit-il.
Montrer le « vrai visage » de la médecine spécialisée
Le privé a un rôle « complémentaire » à jouer dans le système de santé, selon le Dr Oliva, qui a notamment piloté des dossiers liés aux laboratoires d’imagerie médicale (LIM) dans le passé. Mais pour lui, « il y a toujours un équilibre à avoir », car « l’assise de notre réseau est le système hospitalier ».
Avant la pandémie, les fortes hausses de rémunération consenties aux médecins spécialistes avaient fait les manchettes. Le Dr Oliva a-t-il l’intention de poursuivre en ce sens ? « On n’est pas en négociation actuellement et je pense que c’est une bonne chose. On doit plutôt se concentrer à rattraper les activités », dit-il.
Le Dr Oliva indique qu’une étude de l’Institut canadien d’information sur la santé (ICIS) a démontré dernièrement que les médecins spécialistes québécois se situent en milieu de peloton par rapport aux collègues canadiens en matière de rémunération. « Pour moi, il n’y a pas d’enjeu à court terme sur ça. »
Selon le Dr Oliva, les mois de pandémie auront permis à plusieurs médecins spécialistes de prendre la parole publiquement pour « parler de médecine spécialisée ». Ce changement de ton, il a « l’intention de continuer de le porter ». « Je veux montrer le vrai visage de la médecine spécialisée. »
Le Dr Jean-Denis Roy : pour des conditions de pratique plus humaines

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Le Dr Jean-Denis Roy, anesthésiologiste
L’un des dossiers prioritaires de l’anesthésiologiste Jean-Denis Roy pour la FMSQ est celui des conditions de pratique des médecins. Il explique que dans le milieu médical, il y a « beaucoup de pression pour faire des semaines de 80 heures ». « Mais certains ont des incapacités partielles ou temporaires par rapport au travail », note le Dr Roy, qui occupe depuis 21 mois le poste de directeur des affaires professionnelles à la FMSQ.
S’il est élu président, le Dr Roy veut créer un nouveau statut pour les médecins spécialistes qui permettrait à certains d’avoir « une pratique différente du modèle du super médecin ». Cela pourrait par exemple servir aux médecins qui sont proches aidants, à ceux qui se relèvent d’une maladie ou qui veulent prendre une retraite progressive.
Le Dr Roy veut aussi s’attarder au dossier de la pertinence des soins. Lors d’une entente signée avec le gouvernement 2019, la FMSQ s’est engagée à récupérer 240 millions d’ici 2022-2023 en révisant la pertinence des soins.
Ça ouvre la possibilité de faire un ménage dans tout ce qui existe. Voir s’il y a des actes désuets qui ne méritent plus d’être exercés.
Le Dr Jean-Denis Roy
Enseignant au secondaire pendant cinq ans, le Dr Roy est retourné aux études à la fin de la vingtaine en médecine. Il voulait au départ devenir médecin de famille, mais a finalement découvert la médecine spécialisée et est devenu anesthésiste.
Originaire de l’Abitibi-Témiscamingue, le Dr Roy s’établit alors à Montréal et commence à travailler au CHUM, à l’hôpital Saint-Luc. Il deviendra chef du département d’anesthésiologie. Il participera à ce titre au déménagement du CHUM dans son nouveau bâtiment actuel. Il pratique toujours au CHUM, et très occasionnellement en clinique privée, où il détient un droit de pratique.
Comme directeur des affaires professionnelles à la FMSQ, le Dr Roy est fier d’avoir apporté une « approche de travail moins en silo ». Depuis le début de la pandémie, le Dr Roy a notamment travaillé sur le dossier des blocs opératoires et de la reprise des activités chirurgicales. « Ce volet m’a sensibilisé au travail d’un futur président et à l’implication dans l’ensemble des dossiers », dit-il.
Pas de hausse de rémunération
Quand on lui demande s’il compte négocier pour hausser la rémunération des médecins spécialistes s’il est élu président, le Dr Roy répond : « Il faut que les médecins comprennent qu’on n’est pas dans un contexte où on doit penser obtenir des gains ou des hausses de rémunération. On doit faire notre part par rapport à ça. Et encore plus depuis la pandémie. »
Les nombreux retards créés par la pandémie devront être rattrapés, et « il va falloir être créatif du côté médical et gouvernemental », dit le Dr Roy.
Selon lui, le privé « a sa raison d’être » dans le réseau de la santé. Les ententes signées durant la pandémie avec des cliniques privées de chirurgie en sont un exemple. « Oui, le privé a sa raison d’être, mais sa raison d’être doit être encadrée », dit-il.
Dans un récent article dans le magazine Profession santé, on indique que le Dr Roy est perçu comme « le dauphin de la Dre Francœur ». Une association qu’il rejette. « Je ne me vois pas comme ça. Aucunement. […] Je considère que j’ai mon propre leadership. Ma propre vision. Mon propre profil », dit-il. Le Dr Roy dit qu’il « aime pouvoir établir des dialogues avec les gens » et qu’il veut amener un mode de gestion « participatif et coopératif ».