Du jour au lendemain, en mars dernier, les bénévoles au chevet des patients ont disparu des hôpitaux et les jeunes malades n’avaient plus d’« amis » avec qui jouer. Mais puisque leur service est d’une grande importance dans les centres hospitaliers, ces derniers ont maintenant recours à des « bénévoles 2.0 ».

Lorsque les services non essentiels ont dû être suspendus dans les hôpitaux, au début de la crise sanitaire, la majorité des activités bénévoles ont cessé, dont les visites au chevet, les ateliers d’animation, le service de collations dans les salles d’attente, etc. « Clairement, la pandémie a mis en relief l’importance des bénévoles, affirme Lise Pettigrew, responsable du bénévolat au Centre hospitalier de l’Université de Montréal (CHUM). Surtout en début de pandémie, on a senti le vide que ça pouvait créer. Parce que normalement, nos bénévoles, on les voit partout. »

Puisqu’ils sont jugés « essentiels » par plusieurs, dont Stéphane Tremblay, directeur des services multidisciplinaires du CHU de Québec-Université Laval, on a rapidement dû plancher sur une solution de rechange pour répondre aux besoins des usagers : le bénévolat virtuel. « Par la force des choses, on a dû penser à une formule de bénévolat 2.0. »

« C’est assurément une transformation, qui est d’ailleurs toujours en cours, ajoute sa collègue Marie-Claude Brodeur, directrice adjointe des services multidisciplinaires. Le contexte de pandémie nous amène à nous réinventer. »

Les bénévoles qui se rendaient au chevet des patients ont recommencé à tendre l’oreille, sans quitter leur domicile, en ayant recours au téléphone ou à l’ordinateur. Uniquement au CHUM, plus de 17 000 appels ont ainsi été faits par l’équipe bénévole dans les derniers mois.

PHOTO FOURNIE PAR LE CHUM

Francine Bertrand, bénévole au CHUM

Ç’a redonné un sens à ma vie de contribuer à l’effort collectif en cette période trouble. À plus de 70 ans, j’ai encore l’impression que je fais partie de la société.

Francine Bertrand, bénévole virtuelle aux soins intensifs au CHUM

Au pic de la crise, puisque les patients ne pouvaient recevoir de visiteurs, les bénévoles les aidaient également à s’entretenir avec leurs proches par vidéoconférence. Une option qui pourrait revenir en cas de confinement plus restrictif.

Les centres hospitaliers ont cependant gardé certains bénévoles à l’accueil pour qu’ils puissent continuer d’orienter les usagers et qu’ils s’assurent que les mesures sanitaires soient respectées. « Moitié à la blague, moitié sérieusement, on se dit souvent entre bénévoles que si nous n’étions pas là, l’hôpital ne fonctionnerait pas ! », raconte le retraité Denis Pelchat, un des 1000 bénévoles du CHUM, qui est justement à l’accueil. Cet homme qui se décrit comme « un vieux bonhomme heureux » est persuadé que son bénévolat lui permet de passer à travers la crise sanitaire avec plus de facilité.

PHOTO FOURNIE PAR LE CHUM

Denis Pelchat, bénévole au CHUM

Humainement parlant, c’est plus que gratifiant. C’est d’entretenir la vie.

Denis Pelchat, bénévole au CHUM

Le bénévolat chez les tout-petits

À l’Hôpital de Montréal pour enfants, des bénévoles ont aussi commencé à faire des rencontres virtuelles avec de jeunes patients. Même si ça ne comble pas tous les besoins.

PHOTO MARCO CAMPANOZZI, LA PRESSE

Lise Gagnon, coordonnatrice d’Action bénévole à l’Hôpital de Montréal pour enfants

On ne se cachera pas que la grosse majorité de nos patients sont des bébés et qu’ils ont besoin d’amour physique. Ça, ça ne peut pas être fait virtuellement.

Lise Gagnon, coordonnatrice d’Action bénévole

Lorsque des enfants sont hospitalisés pendant plusieurs jours ou semaines, bien des parents ne peuvent être constamment au centre hospitalier, entre autres s’ils ont d’autres enfants à la maison. Les bénévoles sont alors d’une grande aide, en temps normal.

En septembre, avant que la deuxième vague frappe et que Montréal tombe en zone rouge, l’hôpital avait obtenu la permission que des bénévoles soient à nouveau en présence de patients. Avec regret, Mme Gagnon leur a finalement annoncé que ce ne serait pas possible. Quelques-uns vont quand même au centre hospitalier pour donner un coup de main, par exemple en assemblant des trousseaux de bricolage individuels.

Li Shu Yin Han, une étudiante de 20 ans, offrait plus de trois heures par semaine au centre de jour pédiatrique avant la crise sanitaire. Elle fait maintenant de la peinture, du bricolage ou des jeux de mémoire par vidéoconférence. « Normalement, nous sommes là pour donner des pauses aux parents. Mais avec Zoom, les parents sont obligés de rester à côté des enfants pour les aider, notamment lors de problèmes techniques. Ce n’est pas pareil… »

Elle a vraiment hâte de remettre les pieds dans les salles de jeux, actuellement fermées aux petits malades.

Je suis là pour faire plaisir aux enfants, être une amie pour eux, et c’est plus facile d’y arriver en personne.

Li Shu Yin Han

« On a hâte de les réintégrer », évoque Mme Gagnon qui, avec des confrères à travers le Canada, cherche d’autres manières de réintroduire les bénévoles dans les circonstances actuelles.

Même chose au CHU de Québec-Université Laval ; un travail avec l’équipe de prévention et de contrôle des infections est en cours pour offrir aux patients plus de services de la part des bénévoles, tout en s’assurant que cela respecte les mesures sanitaires. Ce centre hospitalier est d’ailleurs à la recherche d’une centaine de personnes, dont des jeunes, qui voudraient contribuer en devenant bénévoles.