(Montréal) Le don d’organes a été perturbé au Québec depuis le début de la pandémie : l’organisme Transplant Québec a noté en avril ses plus bas taux de références et de donneurs des cinq dernières années.

La COVID-19 semble avoir frappé là aussi.

Il n’y a eu que 25 personnes référées par les hôpitaux lors du mois d’avril et, au bout du compte, seulement deux donneurs ont été retenus, ce qui a permis de greffer des organes sur cinq personnes.

Transplant Québec a dévoilé ces données après avoir évalué les répercussions de la pandémie sur ses activités.

Mais dès le mois de mai, une reprise des activités a été constatée, se dirigeant vers les niveaux normalement observés, soutient l’organisme mandaté par le ministre de la Santé et des Services sociaux afin de coordonner le processus de don d’organes.

La situation n’est toutefois pas entièrement revenue à la normale.

En comparant la période du 12 mars au 30 juin 2019 à celle de 2020, l’organisme a constaté une diminution de 50 % du nombre de donneurs d’organes et de 60 % des transplantations.

Heureusement, l’organisme dit ne pas avoir constaté de hausse de décès causés par le manque de références de donneurs chez les personnes en attente de greffe.

Lors de cette période de la mi-mars à la fin juin 2019, 16 personnes en attente sont décédées, contre 15 cette année.

Cela n’a donc pas eu d’impact sur la plupart des personnes sur la liste d’attente, qui ont donc pu traverser cette difficile période jusqu’à maintenant, a-t-il indiqué.

« Le ralentissement qui s’est produit en avril dernier s’explique principalement par les circonstances exceptionnelles dans lesquelles nous avons été plongés. La nécessité d’assurer la sécurité des patients à transplanter ainsi que la réorganisation massive dans les hôpitaux ont notamment pu contribuer à ces résultats », a souligné par communiqué le directeur général de Transplant Québec, Louis Beaulieu.

Le personnel des hôpitaux était certainement débordé, mais l’organisme a examiné d’autres raisons pouvant expliquer le moins grand nombre de donneurs.

M. Beaulieu a expliqué qu’au Royaume-Uni, il a été relevé qu’il y avait eu moins de décès dus à des accidents vasculaires cérébraux (AVC) et à des accidents de la route.

« Ça, on l’a vu, le confinement a amené les gens à beaucoup moins circuler, il y a ainsi eu moins de traumas de la route », a-t-il dit, ajoutant toutefois qu’en ce qui concerne la diminution d’AVC, ça reste un peu nébuleux.

M. Beaulieu a toutefois noté que le nombre de donneurs est déjà descendu sous la barre des 10 pour un mois donné au cours des dernières années. Mais seulement deux donneurs retenus, c’est du jamais vu, dit-il.

Le directeur général a expliqué en entrevue que Transplant Québec n’a pas retenu de donneur ayant contracté la COVID-19. Il manque de données scientifiques et la prudence a fait en sorte que cette décision a été prise, considérant que les personnes en attente de greffes sont déjà très fragiles.

« Mais cette décision pourrait changer dans le temps », a-t-il ajouté.

Somme toute, puisque les références de donneurs se sont poursuivies malgré la crise sanitaire — même si elles ont diminué — cela signifie que le système fonctionne et « que la culture de don se déploie de mieux en mieux dans les hôpitaux », juge M. Beaulieu.

« Ça nous a confortés, rassurés. »

Il rappelle toutefois qu’il ne faut pas relâcher, car 800 Québécois, dont 21 enfants, sont actuellement en attente d’une greffe d’organe.

Il rappelle ainsi à la population qu’il est possible de consigner son consentement au don d’organe dans un registre et d’informer ses proches de ses volontés.