Un test sanguin permet de mieux prédire les risques de complications cardiaques des patients, comme des infarctus, après une chirurgie, a démontré une chercheure du Centre de recherche du CHUM (Centre hospitalier de l’Université de Montréal) avec des collègues de l’Université McMaster en Ontario. Cela permettra aux médecins de prévenir des décès et d’assurer une meilleure qualité de vie aux patients, font-ils valoir.

La clé de ce test sanguin ? Une hormone sécrétée par le cœur, révélant qu’il est défaillant.

Cette analyse sanguine — simple et peu coûteuse, disent les chercheurs — permet d’identifier les patients les plus à risque et les entourer d’un suivi serré et des soins nécessaires après leur opération.

Car des patients peuvent souffrir de problèmes cardiaques non détectés. La maladie s’installe, mais le patient ne s’en rend pas compte.

Si leurs médecins sont au courant, ils pourraient leur éviter des complications cardiaques telles que des infarctus ou une arythmie cardiaque qui dégénère, a expliqué en entrevue la docteure Emmanuelle Duceppe du Centre de recherche du CHUM, qui a réalisé cette étude avec notamment le Dr P. J. Devereaux, du Hamilton Health Sciences Centre, rattaché à l’Université McMaster.

Sans oublier qu’après une chirurgie, les symptômes de troubles du cœur peuvent être masqués par les anti-douleurs que prennent les patients, dit Dre Duceppe, aussi médecin spécialisée en médecine interne au CHUM.

« Les infarctus post-opératoires sont souvent silencieux. On veut les prévenir et les détecter précocement, car un infarctus qu’on manque peut avoir de graves complications », dit-elle.

« Aussi, on prévient l’arythmie qui n’est pas connue, et qui peut se décompresser en post-opératoire. Donc, en pré-opératoire, on peut les faire voir (les patients) en cardiologie et contrôler leur rythme cardiaque et leur pression. »

Elle souligne que les patients peuvent être gardés plus longtemps à l’hôpital et que reporter la chirurgie à plus tard peut être considéré, afin de soigner leur cœur d’abord.

L’objectif, c’est de sauver des vies et d’assurer aux gens une meilleure qualité de vie après leur opération, a souligné la chercheure.

Dans le cadre de cette recherche, les chercheurs ont étudié les chirurgies non cardiaques uniquement, telles que la pose de prothèses de genoux et de hanches et des interventions aux intestins et au thorax.

Ils rappellent que parmi les principales causes de mortalité 30 jours après une intervention chirurgicale non cardiaque, les problèmes au cœur arrivent au premier rang.

L’étude est d’importance : les chercheurs ont suivi plus de 10 400 adultes, âgés de plus de 45 ans, dans 16 hôpitaux répartis dans neuf pays.

Pour en arriver à leurs conclusions, ils ont mesuré leur taux dans le sang de cette hormone, appelée NT-ProBNP, avant l’intervention chirurgicale que devaient subir les patients. Le test sanguin a permis de mieux prédire le risque de 25 % d’entre eux. « C’est énorme », dit Dre Duceppe.

Sans lui, les outils de prédiction des risques de complications cardiaques sont encore imprécis et parfois dispendieux, préviennent-ils. L’évaluation préopératoire des risques se fait en se basant sur l’histoire médicale du patient couplée à un score de risque, ou encore par imagerie cardiaque, dix fois plus chère qu’un test sanguin, et qui oblige le patient à revenir plusieurs fois à l’hôpital.

Sans forcément avoir une réponse, souligne Dre Duceppe.

Des médecins se servent de ce test sanguin depuis environ six mois au CHUM, dans le cadre d’un projet-pilote. Il avait toutefois été utilisé auparavant dans un autre contexte, pour détecter l’insuffisance cardiaque, a expliqué Dre Duceppe.