L'État continuera à envoyer des accidentés du travail à un médecin qui a reconnu avoir tenu des propos déplacés à des patientes souffrant d'embonpoint, en plus de faire l'objet de multiples avertissements en lien avec son attitude problématique.

« Il faut souffrir pour être belle. » « No money, no candy. » Le Dr Serge Ferron, de Saint-Lambert, a dépassé le cadre des expertises que lui demandait la Commission des normes, de l'équité, de la santé et de la sécurité du travail (CNESST, l'ex-CSST) lors d'au moins deux rendez-vous, a-t-il avoué. Le conseil de discipline de son ordre professionnel lui a imposé une amende et des réprimandes il y a quelques semaines.

Cette décision révèle aussi que le Dr Ferron a fait l'objet d'avis officiels dans 25 dossiers depuis le début de sa carrière. Le syndic du Collège des médecins lui reprochait son attitude « grossière et irrespectueuse », ses « propos désobligeants et impertinents, [son] attitude provocatrice et intimidante », ses « propos déplacés » et son « manque d'empathie », entre autres.

Malgré ce bilan, la CNESST continuera de lui envoyer des accidentés du travail, a indiqué l'organisation. Le chirurgien orthopédiste de Longueuil figure sur la liste officielle des médecins désignés pour évaluer les patients dont l'organisme public doute des prétentions.

« La CNESST n'a pas de motifs juridiques pouvant servir de fondement à exclure le Dr Serge Ferron de la liste des professionnels désignés par la CNESST puisque celui-ci n'a pas de restriction de pratique et qu'il satisfait aux conditions de la CNESST », a indiqué par courriel la porte-parole Geneviève Trudel.

Le Dr Ferron et son avocate n'ont pas rappelé La Presse.

« Reconnu dans son domaine »

« La CNESST demeure vigilante par rapport aux plaintes à l'égard de ses professionnels désignés », a ajouté Mme Trudel. « À l'été 2018, le Dr Ferron a été rencontré par la CNESST et des mesures administratives ont été prises pour assurer un service de qualité et respectueux des travailleurs et elle lui a rappelé toutes ses exigences envers les professionnels de la santé agissant à titre d'experts pour elle. »

La porte-parole de la CNESST a souligné que le conseil de discipline du Collège des médecins avait déterminé que la compétence de Serge Ferron « n'est aucunement remise en doute », le médecin étant « reconnu dans son domaine ».

Le même conseil de discipline a estimé le risque de récidive « de léger à modéré » et a indiqué ne pas être « tout à fait convaincu de [la] sincérité » des regrets exprimés par le médecin.

Jusqu'en juin dernier, le Dr Ferron était aussi accusé d'avoir commis des « gestes abusifs à caractère sexuel » en « obligeant [trois patientes] à se dévêtir devant lui » sans jaquette, en plus d'ouvrir sans avertissement les cuisses de l'une d'entre elles. Ces chefs d'accusation ont été abandonnés par le syndic de l'ordre professionnel.