Il n'est jamais trop tard pour bien faire pour les femmes enceintes qui fument, car chaque cigarette en moins compte.

Lors d'une nouvelle analyse réalisée par l'Institut de recherche de l'hôpital pour enfants de Seattle et le géant informatique Microsoft, les fumeuses enceintes qui ont réduit leur consommation de tabac avant leur troisième trimestre de grossesse ont aussi réduit leur risque de syndrome de mort subite du nourrisson (SMSN) de 12 % ; chez celles qui avaient complètement cessé de fumer, le risque chutait de 23 %.

« C'est extrêmement intéressant parce qu'on culpabilise beaucoup les parents qui fument, mais il ne faut pas oublier que ce n'est pas nécessairement coulé dans le béton'j'ai fumé pendant le premier trimestre, mon enfant va mourir' », s'est réjouie la docteure Aurore Côté, une médecin de l'Hôpital de Montréal pour enfants qui est une sommité en matière de SMSN.

« On peut encore faire quelque chose. [...] Alors une étude qui nous dit que ça vaut quand même la peine de cesser, de diminuer l'exposition du bébé, c'est important. »

Les chercheurs ont utilisé des techniques de modélisation computationnelle pour analyser le tabagisme maternel lors de toutes les naissances vivantes recensées aux États-Unis entre 2007 et 2011. Plus de 19 000 décès, sur les quelque 20 millions de naissances examinées, ont été attribués au syndrome de mort subite du nourrisson (SMSN).

L'étude prévient aussi qu'une femme qui fume une seule cigarette par jour pendant sa grossesse double le risque de voir son bébé succomber au SMSN. Chaque cigarette fumée augmenterait le risque de 7 % chez les femmes qui en fument entre une et 20 par jour.

Chaque cigarette de plus ou de moins a donc son importance.

« Toutes les femmes qui fument devraient faire des efforts. Réduire c'est bien, cesser c'est mieux, a quant à lui commenté le pédiatre Olivier Drouin, du CHU Sainte-Justine. Il n'y a pas de niveau sécuritaire de tabagisme pendant la grossesse. Ce qui peut motiver les femmes c'est que chaque pas en avant est bénéfique pour leur bébé. »

Si aucune femme ne fumait pendant sa grossesse, les auteurs calculent qu'on éviterait environ 800 des 3700 décès qui sont attribués au SMSN chaque année aux États-Unis, ce qui abaisserait le taux actuel de SMSN de 22 %.

La docteure Côté, qui étudie le SMSN depuis plus de 30 ans, croit que la nouvelle étude « donne un peu d'espoir aux mamans qui fument et qui réalisent qu'elles sont enceintes ».

Mais il reste encore beaucoup de travail d'éducation à faire.

« C'est incroyable à quel point c'est ancré, a-t-elle dit au sujet des mères qui croient que la fumée est sans danger pour leur bébé puisqu'elle n'entre pas dans leurs poumons. Les gens ne s'aperçoivent pas qu'il y a plusieurs des sous-produits de la cigarette qui vont dans le sang de la mère, et donc dans le sang du bébé. Si on diminue l'exposition, on diminue ça. Ce n'est pas la fumée qui va dans les poumons, naturellement, mais malheureusement ce petit poulet-là n'est pas protégé. »

Santé Canada calcule qu'entre 20 et 30 % des femmes enceintes fument pendant leur grossesse. L'agence fédérale prévient que « le risque d'être victime du SMSN est plus élevé chez les bébés dont la mère a fumé pendant la grossesse et qui sont exposés à la fumée secondaire. Le risque de SMSN augmente en fonction du nombre de fumeurs dans le ménage, du nombre de cigarettes fumées et de la proximité entre le ou les fumeurs et le bébé ».

Santé Canada explique que « certains des produits chimiques présents dans la fumée du tabac nuisent au développement du cerveau et des poumons du bébé, ce qui a une incidence sur la respiration du bébé et peut causer le SMSN ».

Les conclusions de cette étude sont publiées par le journal médical Pediatrics.