Le Centre hospitalier de l'Université de Montréal (CHUM) a lancé hier une clinique pour les problèmes neurovasculaires rares, qui sont responsables de 2 à 3 % des AVC même s'ils ne touchent que 200 Québécois chaque année. Un projet unique au Canada.

Un mal de tête terrassant

C'était en octobre 2016. Catherine Gagnon a dû sortir d'une réunion à cause d'un mal de tête lancinant. Des comprimés d'ibuprofène n'ayant pas réglé le problème, la jeune maman a appelé son conjoint, Alexandre Sauvé, pour qu'il vienne la chercher. Puis elle s'est effondrée. « J'étais consciente, je répondais, mais je ne me souviens de rien », explique Mme Gagnon, qui a témoigné à la conférence de presse d'hier. « Mon cerveau était plein de sang. On m'a expliqué que mon disque dur fonctionnait, mais n'enregistrait rien. »

M. Sauvé a dû insister pour que les ambulanciers amènent aux urgences du CHUM la jeune professionnelle, qui a 42 ans aujourd'hui. On lui a immédiatement découvert une malformation artérioveineuse à l'origine d'un trou dans ses vaisseaux sanguins, qui a été rapidement bouché. Par la suite, Mme Gagnon a continué à avoir des maux de tête et des pertes de mémoire et elle a subi en juin dernier une nouvelle opération pour enlever toute la portion des vaisseaux sanguins de son cerveau touchée par la malformation. Depuis, tout est rentré dans l'ordre. « Au début, je n'avais pas de mémoire pour plus de cinq minutes, puis au fil des semaines, c'est passé à une heure, une demi-journée. Je pense qu'un centre comme celui qui vient d'être annoncé pourra aussi beaucoup aider les proches des patients. »

Trois causes

Ces problèmes neurovasculaires sont souvent congénitaux ou héréditaires, mais n'ont parfois pas de symptômes, ou alors des symptômes rarement associés aux accidents vasculaires cérébraux (AVC), comme l'épilepsie ou les migraines, explique Christian Stapf, neurologue vasculaire au CHUM. « Un patient sur deux qui arrive chez nous n'a pas besoin de chirurgie. » Trois grandes catégories de patients seront visées par la clinique, qui regroupe les 50 à 100 patients ayant ce profil qui visitent déjà le CHUM.

Cavernoses : « Il s'agit d'une éponge veineuse dans le cerveau, qui est parfois génétique », explique le Dr Stapf.

Malformation neurovasculaire : Ce problème fragilise les artères et veines cérébrales et augmente le risque d'AVC durant la trentaine.

Maladie de Moyamoya : Ce rétrécissement anormal des artères du cerveau a été identifié au Japon il y a 60 ans et est responsable de 6 % des AVC chez les enfants, selon une étude publiée en 2014 dans la revue Neurosurgery.

Télémédecine

Le centre est né l'an dernier avec les premières réunions régulières de la dizaine de médecins spécialistes - neurologues, neuroradiologistes, neurochirurgiens et radio-oncologues - qui en font partie (ils sont appuyés par une cinquantaine d'autres personnes, dont des infirmières et des techniciens). « Ce qui est nouveau, c'est qu'on a une organisation, des fonds pour organiser les rendez-vous des patients en un seul endroit, et aussi pour la télémédecine pour le suivi à distance, dit le Dr Stapf. Environ 20 % de nos patients habitent à plus de 100 km du CHUM et nous sommes le centre où se dirigent les ambulances pour les AVC aigus dans la région montréalaise. Nous faisons la moitié des thrombectomies pour AVC au Québec. » Une thrombectomie est la destruction d'un caillot sanguin par cathéter.