Après la fumée secondaire et les paquets neutres, le prix unique : la Coalition québécoise pour le contrôle du tabac demande au gouvernement non seulement de hausser les taxes sur le tabac et d'instaurer un prix minimum pour les paquets de cigarettes, mais aussi de limiter le prix maximum des paquets. Depuis 10 ans, l'écart est de plus en plus important entre les prix des marques de cigarettes au rabais et haut de gamme.

Entre 2005 et 2006, le prix des cigarettes les moins chères a diminué de 27 % au Québec. Entre 2013 et 2014, même manège, avec une diminution de 4 %. Pour la Coalition québécoise pour le contrôle du tabac, il s'agit clairement d'une tentative de diminuer l'impact des hausses de taxes sur le tabac au même moment.

« Il y a de plus en plus d'études sur le sujet qui montrent qu'il faut non seulement augmenter les taxes, mais aussi mettre un plafond sur le prix des marques premium, qui peuvent servir à subventionner les marques au rabais. » - Flory Doucas, codirectrice de la Coalition québécoise pour le contrôle du tabac

« Depuis 15 ans, les taxes augmentent sans cesse, et l'écart entre les prix des marques au rabais et premium augmente sans cesse, dit-elle. Il existe des plafonds de prix pour d'autres produits : les livres, le lait, le bois. »

Elle cite notamment des études de chercheurs du King's College de Londres, qui montrent que les fabricants de cigarettes cherchent avec leurs marques au rabais à rendre plus progressif l'impact des hausses de taxes sur les fumeurs.

« Les fumeurs de marques premium peuvent se rabattre sur les marques au rabais, et les diminutions des prix des marques au rabais limitent le nombre de fumeurs pauvres qui décident d'écraser », explique Timea Partos, du King's College, qui est l'auteure principale d'une étude publiée en 2017 dans la revue Nicotine & Tobacco Research.

Le tabac à rouler

Au Royaume-Uni, les hausses de taxes, plus importantes qu'au Québec, ont poussé de plus en plus de fumeurs à se rabattre sur les marques au rabais et même sur le tabac à rouler, dont la popularité a doublé depuis 15 ans. Au Québec, cet engouement pour le tabac à rouler n'a pas eu lieu, justement à cause des taxes plus basses, selon Mme Doucas. « On a les taxes les plus basses au Canada et, si on tient compte du coût de la vie, les deuxièmes taxes les plus basses après l'Alberta. »

Au Québec, les ventes de tabac à rouler ont diminué de 60 % entre 2001 et 2007 et sont stables depuis ce temps. Selon Mme Doucas, la diminution au début du millénaire était liée au fait que c'était une habitude de fumeurs plus âgés, qui vraisemblablement sont disparus.

Les profits du tabac

Mme Doucas estime qu'un plafond imposé au prix des cigarettes pourrait mener à un prix unique. Un prix minimum ne serait-il pas suffisant ? Non, répondent Mme Doucas et Mme Partos du King's College, parce qu'il faut diminuer la rentabilité de l'industrie du tabac. Existe-t-il des études montrant qu'un plafond de prix diminue davantage le tabagisme qu'un prix minimum ?

« Non, reconnaît Mme Partos. Mais il faut que ce prix minimum soit appliqué partout, notamment au tabac à rouler et aux achats en carton. Et il faut qu'il soit suffisamment élevé. Mais il est évident que si les cigarettes sont moins rentables, il y aura moins d'offre et moins d'argent pour les études de marketing pour continuer à conserver un nombre minimum de fumeurs. »