Trois membres d’une même famille de la rive-nord de Montréal ont plaidé coupable à 13 des 93 chefs d’accusation pour pratique illégale de la médecine et de la podiatrie qui pesaient contre eux, hier.

En tout, Brigitte Bouchard, son conjoint Mario Éthier et leur fils Jordan Éthier se sont vu imposer des amendes totalisant 48 000 $ au palais de justice de St-Jérôme.

Directrice générale de l’Ordre des podiatres du Québec, Martine Gosselin explique que la famille Éthier diagnostiquait entre autres des maladies du pied et prescrivait des orthèses dans leur clinique de Ste-Thérèse. Des actes réservés à la profession de podiatre ou de médecin.

Pour Mme Gosselin, bien que les amendes soient dissuasives, l’objectif de l’Ordre dans des dossiers comme celui-ci est surtout de faire cesser la pratique illégale. « Car c’est dangereux pour le public. On reçoit des cas d’infection, de brûlures de douleurs chroniques aux pieds à cause de mauvaises orthèses », dit-elle.

L’avocat qui représentait la famille Éthier à la cour a indiqué que ses clients ne voulaient pas commenter le dossier.

Cliniques à Ste-Thérèse

Depuis 2014, la famille Éthier a opéré différentes cliniques du pied sur le boulevard Curé-Labelle à Ste-Thérèse, peut-on lire dans les documents de cour. 

Ce n’est pas la première fois que la famille Éthier est dans la ligne de mire du Collège des médecins et de l’Ordre des podiatres du Québec. Déjà en 2016, Brigitte Bouchard et Mario Éthier avaient plaidé coupables à des chefs de pratique illégale de la podiatrie, notamment pour avoir traité des ongles incarnés.

Mario Éthier avait aussi déjà été reconnu coupable d’exercice illégal de la médecine en 1998 et en 2001. Il s’était vu imposer des amendes de 5600 $ et de 2400 $ à ces deux occasions.

En mars 2018, le Collège des médecins et l’Ordre des podiatres du Québec ont déposé des accusations contre les trois membres de la famille Éthier pour des gestes commis entre 2016 et 2018. On leur reprochait essentiellement d’avoir pratiqué la médecine et la podiatrie, notamment en effectuant des examen du pied, en posant des diagnostic et en posant des orthèses, alors qu’ils n’y sont pas autorisés.

Dans un reportage publié en 2018 par Radio-Canada, Mario Éthier critiquait le travail de l’Ordre dans ce dossier. « C’est pas normal, dès qu’on fait un travail, d’être actionné de même », disait-il à l’époque.

Injonction interlocutoire

Le 19 juin 2018, une demande d’injonction interlocutoire provisoire a été obtenue contre les trois membres de la famille Éthier afin de leur interdire « d’exercer des activités professionnelles réservées aux membres du Collège des médecins ou de l’Ordre des podiatres, de prétendre avoir le droit d’exercer la médecine ou la podiatrie ou d’agir de manière à donner lieu de croire qu’ils sont autorisés à pratiquer la médecine ou la podiatrie ».

Dans un communiqué publié en juin 2018, le Collège des médecins et l’Ordre des podiatres soulignait que le 21 mars 2018, à la suite d’une enquête menée par les deux ordres, 93 chefs d’accusation de pratique illégale de la podiatrie et de la médecine avaient été déposés contre la famille. « Malgré la signification de ces constats d’infraction, les défendeurs ont poursuivi leurs activités et offraient jusqu’à atout dernièrement à leur clientèle des soins et des services réservés aux médecins et aux podiatres », pouvait-on lire.

Le procès des trois membres de la famille Éthier devait débuter lundi matin à St-Jérôme. Mais une entente est survenue entre les partis.