En raison des risques d’infection ou autres complications, Santé Canada a demandé l’arrêt de la vente et de la publicité des traitements non autorisés à base de cellules souches qui gagnaient en popularité pour contrer l’arthrose.

Trente-six cliniques canadiennes, dont trois au Québec, sont touchées.

Ces mesures font suite à l’avertissement de Santé Canada émis en mai dernier contre des cliniques privées. Le ministère fédéral affirmait que l’efficacité des thérapies à base de cellules souches n’était pas prouvée et que ces thérapies pouvaient même être « dangereuses ». En Floride, quatre personnes sont devenues aveugles à la suite d’une mauvaise utilisation des cellules souches.

Les cellules souches sont des cellules du corps qui peuvent se transformer en d’autres types de cellules. Elles ne sont pas spécialisées comme les cellules de la peau ou du sang.

Ces cellules souches ont un grand potentiel en médecine puisqu’elles pourraient régénérer des tissus comme la peau pour les grands brûlés. Plusieurs chercheurs utilisent des protocoles établis pour développer de nouvelles approches de traitement. Or, au cours des dernières années, plusieurs cliniques privées ont commencé à offrir des traitements utilisant ces cellules. Jusqu’ici, ces thérapies étaient dans un flou juridique.

Sécurité et efficacité à démontrer

Santé Canada vient de trancher et considère maintenant que ces traitements sont des médicaments. Les cliniques privées qui les pratiquent doivent donc en prouver l’efficacité et la sécurité. En l’absence de cette démonstration, Santé Canada a demandé aux cliniques de cesser leur service. Le Ministère dit continuer de collaborer avec les 36 cliniques pour qu’elles se conforment au cadre réglementaire applicable.

« Il faut qu’ils passent par les mêmes étapes que tous les centres sérieux avant de pouvoir commercialiser les traitements », soutient le Dr Denis-Claude Roy, directeur général de CellCAN, le réseau de médecine régénératrice et de thérapie cellulaire, qui travaille sur des protocoles cliniques dans le domaine de recherche.

La décision de Santé Canada ne fait pas l’affaire de tous. La clinique du Dr Sylvain Simard, à Alma, fait partie de celles qui ont été jointes par Santé Canada. Le traitement qu’offre le Dr Simard consiste à prélever les cellules souches dans la moelle osseuse des patients, à les concentrer par centrifugeuse et à les réinjecter dans le genou pour contrer l’arthrose. « Je pense que la loi est mal interprétée. Ce n’est pas un médicament, selon moi. J’ai déjà commencé des discussions avec Santé Canada pour défendre mon point », annonce-t-il.

Selon lui, la classification comme médicament va diminuer l’accès aux traitements. « Si c’est considéré comme un médicament, il n’y a que les compagnies pharmaceutiques qui sont capables d’aller chercher les autorisations avec des études de millions de dollars », déplore le Dr Simard, qui affirme qu’on a « tiré le bébé avec l’eau du bain ».

Protéger les patients

La décision de Santé Canada ne concerne pas les traitements à base de cellules souches développés avec des études cliniques rigoureuses, notamment pour traiter les patients atteints du cancer. La greffe de cellules souches permet de remplacer les cellules souches endommagées ou détruites par la maladie ou par de fortes doses de chimiothérapie ou de radiothérapie.

Le Dr Roy trace une ligne entre les pratiques des cliniques privées très coûteuses et celles des hôpitaux qui s’apparentent davantage à des transplantations. « Santé Canada veut protéger à la fois la santé des gens et celle de leur portefeuille. »