Les associations qui représentent tous les pédiatres au pays et le patron des urgences du Centre hospitalier universitaire (CHU) Sainte-Justine ont ajouté hier leurs voix à celles de leurs confrères qui demandent la fin des évacuations médicales aériennes sans accompagnement pour les enfants du Québec, a appris La Presse.

Les deux groupes ont chacun fait parvenir une lettre au ministre Gaétan Barrette pour réclamer qu'un parent puisse monter à bord de l'avion-hôpital qui dessert les communautés éloignées ou isolées de la province.

« Il est anormal de demander à un parent de laisser son enfant partir au loin accompagné d'étrangers dans une situation où souvent sa santé et parfois sa vie sont en danger », affirme la lettre notamment co-signée par les responsables des urgences et des soins intensifs du CHU Sainte-Justine.

La missive de la Société canadienne de pédiatrie (SCP), co-signée par l'Association des pédiatres du Québec, va dans le même sens.

« IL ÉTAIT PROBABLEMENT TERRORISÉ »

Hier, le quotidien a publié la lettre d'une mère endeuillée par la mort de son fils survenue en son absence, à des milliers de pieds dans les airs. « Je n'étais pas là pour lui dire que je l'aimais. Pour qu'il entende dans son subconscient la voix de sa maman. Il avait 2 ans 10 mois et il était probablement terrorisé », a-t-elle écrit.

Le ministre Barrette a déjà fait savoir, il y a deux semaines, qu'aucun changement aux règles d'évacuation médicale n'était prévu à court terme.

« Si vous me demandez si, aujourd'hui, nous avons des plans pour déconstruire ou reconfigurer l'appareil, au moment où l'on se parle, la réponse, c'est non », avait indiqué le ministre en entrevue téléphonique. « Dans un courriel antérieur, son ministère avait plaidé que  « l'avion-hôpital dispose de places et de personnel limités » et que la sécurité de tous les passagers devait constituer la priorité.

DES DÉCISIONS CRITIQUES 

Même s'ils ont pris connaissance de cette réponse, les pédiatres qui ont envoyé des lettres au gouvernement espèrent toujours faire modifier la politique.

« On voit des enfants qui nous arrivent en détresse, qui sont apeurés, qui n'ont pas leurs parents pour les réconforter, qui subissent des procédures potentiellement douloureuses », a expliqué Laurence Alix-Séguin, la pédiatre urgentologue à l'origine de la lettre qu'elle co-signe avec les chefs de service. Selon la médecin, il arrive que les médecins doivent prendre eux-mêmes des décisions critiques pour un enfant parce que le parent n'est pas présent.

La Société canadienne de pédiatrie, qui regroupe 3300 membres au pays, « exhorte » le ministre à changer son fusil d'épaule.

« C'est vraiment insupportable », a déploré en entrevue Catherine Farrell, présidente de la Société. Dans le reste du Canada, « la philosophie c'est de faire son possible pour assurer la présence d'un parent dans le transport, sachant qu'il peut y avoir des questions logistiques pour un cas particulier qui fasse en sorte que ça n'arrive pas. »