La naloxone est victime de son succès depuis que le gouvernement du Québec a annoncé son accès sans ordonnance en pharmacie. Des pharmacies sont en rupture de stock, a confirmé l'Ordre des pharmaciens du Québec, en précisant qu'il s'agit «peut-être d'une pénurie ponctuelle.»

Chez Proxim, dans le sud de Montréal, le pharmacien Nicolas Borri n'a plus de naloxone injectable. Une situation délicate puisqu'il n'existe pas vraiment d'antidote de substitution, explique-t-il.

«C'est plate parce qu'il me semble qu'on le savait depuis longtemps que ça s'en venait. Il me semble que les distributeurs auraient pu voir venir le coup, et s'approvisionner en conséquence. On a le même problème de pénurie avec les seringues à aiguilles rétractables», indique M. Borri. 

Le porte-parole de l'un des grands joueurs dans la distribution de médicaments dans les pharmacies du Québec, Darius Kuras, de McKesson Canada, a rappelé que la naloxone est distribuée en deux formats: en trousse et en fiole. «La demande a été plus élevée que prévu pour les trousses de naloxone et nous travaillons avec diligence afin de rétablir notre inventaire dans nos centres de distribution. Nos centres de distribution auront ce produit en inventaire demain soir et nous surveillerons ce produit de près pour soutenir la demande accrue.»

Il a ajouté que McKesson reconnaît que l'épidémie de consommation d'opioïdes est une crise de santé publique au pays. «Nous prenons très au sérieux notre rôle d'aider à protéger la sécurité et l'intégrité de la chaîne d'approvisionnement pharmaceutique, et nous nous engageons à être un leader dans la lutte contre l'épidémie de consommation d'opioïdes. Nous soutenons également les programmes gouvernementaux de trousses de naloxone financées par le gouvernement dans plusieurs provinces, le plus récent étant celui du Québec.»

Pour sa part, McMahon, une filiale de Metro dont le siège social est situé à Montréal, n'a pas donné suite à une demande d'explications. «Nous n'avons pas l'habitude de commenter nos inventaires de médicaments dans les médias», a précisé la directrice principale des Affaires corporatives, Marie-Claude Bacon.

Le ministère fédéral de la Santé avait signé un arrêté d'urgence, en juillet 2016, afin d'autoriser l'importation du vaporisateur nasal des États-Unis. Depuis, le médicament a obtenu une autorisation de mise en marché au Canada.