Le ministre québécois de la Santé et des Services sociaux, Gaétan Barrette, trouve inconcevable que le Nouveau-Brunswick entreprenne des négociations bilatérales avec Ottawa sur son offre de transferts en santé. Il laisse entendre que des dissensions existent au sein du gouvernement de la province voisine.

À la sortie d'une rencontre avec les ministres fédéraux lundi, M. Barrette avait annoncé en compagnie de ses homologues provinciaux et territoriaux qu'un front commun existe pour forcer à Ottawa à négocier.

Or Fredericton a publié un communiqué mardi soir pour signifier qu'il est «satisfait» de l'offre fédérale. «Nous appuyions cette offre de façon conditionnelle et nous étions d'avis que les provinces et les territoires auraient pu conclure une entente avec Ottawa au sujet de l'affectation de ces fonds d'une façon qui bénéficierait à tous les Canadiens. Le Nouveau-Brunswick poursuivra les discussions avec le gouvernement fédéral dans le but d'en arriver à une entente bilatérale», stipule le communiqué. Le premier ministre Brian Gallant a confirmé aux médias de la province que des pourparlers sont en cours avec Ottawa.

À Québec, Gaétan Barrette s'est montré étonné de l'attitude du Nouveau-Brunswick et de son ouverture à l'offre fédérale qu'il condamne vigoureusement. «Je ne peux pas croire que M. Gallant du Nouveau-Brunswick va choisir de mettre en péril les services à ses citoyens», a-t-il lancé lors d'une mêlée de presse, avant une réunion du conseil des ministres. «Je peux vous dire que le ministre de la Santé du Nouveau-Brunswick n'est pas prêt à faire ça», a-t-il ajouté, laissant entendre que son homologue ne partage pas l'avis de son patron.

Selon lui, «il y a beaucoup de stratégies fédérales pour tenter de briser le front commun. Mais pour le moment, il y a un front commun».

L'offre du fédéral est à ses yeux une «plaisanterie». «Les provinces et territoires ne peuvent accepter une proposition qui baisse la part du financement du fédéral pour la santé. On propose de passer de 23,3 à 20 %, on ne peut pas accepter ça», a-t-il dit.

«Le fédéral, ce n'est pas compliqué, préfère le béton aux personnes. C'est ça, la réalité. On le comprend : le béton, ça ne parle pas... La réalité, c'est qu'on va diminuer les services à cause d'un mauvais financement», a ajouté le ministre.

L'offre d'Ottawa représente une hausse des transferts fédéraux en santé de 3,5 % par année pendant cinq ans - c'était 6 % dans les dernières années en vertu de la précédente entente - et une enveloppe de 11,5 milliards sur 10 ans pour les soins à domicile et la santé mentale.