Les consultations qui mèneront au Sommet sur l'alimentation, en 2017, ont débuté hier à Montréal par le discours du chef Ricardo Larrivée, qui a donné plusieurs conseils au ministre de l'Agriculture et émis des doutes sur la pertinence d'imposer une taxe sur les boissons gazeuses.

« On parle de taxer certains produits qui vont nous tuer, dont la boisson gazeuse, a lancé Ricardo Larrivée. Personnellement, je ne suis pas sûr qu'en taxant la boisson gazeuse, on va vraiment régler le problème. Je me pose la question : après la boisson gazeuse, on fait quoi ? On taxe les soupes trop salées, le pain blanc trop sucré, les boîtes de conserve ? » 

Bien que l'idée ne fasse pas l'unanimité, une taxe sur les boissons sucrées est réclamée par plusieurs organismes de santé publique. La mesure est étudiée par le gouvernement du Québec et pourrait être évoquée dans la Politique gouvernementale de prévention en santé qui sera dévoilée demain. Selon Ricardo Larrivée, la taxation ne s'attaque pas au véritable problème et l'on devrait davantage investir dans l'éducation. « C'est plus facile pour les bien-pensants d'avoir l'idée géniale de mettre des taxes partout, a poursuivi le populaire chef au micro. [...] Il faut parler de vraies solutions qui vont être là longtemps plutôt que de taper sur les doigts du monde. » 

Plusieurs « bien-pensants » qui assistaient à son discours se sont étouffés dans leur verre d'eau. « La boisson sucrée est non essentielle et directement associée à l'obésité », a rappelé la directrice de la Coalition Poids, Corinne Voyer. Elle a précisé que la taxation des boissons sucrées était une mesure bien documentée scientifiquement. D'autres voix ont exprimé leur surprise à la suite du discours de Ricardo, qui a ensuite précisé sa pensée : « Je suis pour une taxe, à condition qu'elle soit accompagnée d'autres mesures. » 

OGM ET GRAS TRANS

Ricardo Larrivée est par ailleurs favorable à l'étiquetage des OGM et à un règlement sur les gras trans, « des produits insidieux qu'on ne connaît pas et qu'on ne voit pas ». Le chef a aussi plaidé pour une meilleure identification des produits québécois en épicerie et pour le retour des cours de cuisine à l'école, de la maternelle à la cinquième secondaire. 

Ricardo voudrait également que l'on impose les mêmes normes de production pour les aliments importés que celles qui sont imposées aux agriculteurs locaux, des paroles qui ont ravi les agriculteurs québécois. « Ceux qui veulent venir vendre au Québec sont bienvenus, mais ils doivent produire dans les mêmes conditions de qualité mises en place par nos entreprises. [...] On a mis en place un règlement sur le bien-être animal, ce n'est pas vrai qu'on va accepter de la viande qui n'est pas produite avec ces mêmes valeurs. » 

Le ministre de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation, Pierre Paradis, grand instigateur de ce sommet, a écouté le discours avec intérêt. 

« Nous avons rencontré des gens passionnés », s'est félicité Pierre Paradis à la fin de la journée. Le ministre s'est aussi engagé à faire de l'étiquetage des OGM sa priorité. « Ce sera inspiré du Vermont, mais à la sauce européenne », a-t-il précisé.

- Avec Marie-Eve Fournier, La Presse

Photo IVANOH DEMERS, LA PRESSE 

Pierre Paradis, ministre de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation