De 1981 à 2013, le taux d'obésité chez les jeunes Québécois est passé de 1,8 % à 9,4 %. Leur tour de taille moyen a augmenté de 2,5 cm et leur poids moyen a augmenté de 3,6 kg, révèlent de nouvelles données de l'Institut national de santé publique du Québec (INSPQ). Malgré une légère stabilisation du phénomène depuis 2004, « l'excès de poids continue d'être un problème majeur de santé publique » au Québec, concluent les auteurs de l'étude.

L'IMC EN HAUSE

Les chercheurs de l'INSPQ ont analysé les données de statut pondéral des jeunes de 6 à 17 ans au Québec depuis la fin des années 70 jusqu'en 2013. Selon ces données, l'indice de masse corporelle (IMC) des jeunes Québécois est passé de 19,4 à 20,2 durant cette période.

IMC = poids (kg)/taille (m) au carré ou kg/m2

PLUS GRANDS, MAIS SURTOUT PLUS LOURDS

Si les jeunes Québécois sont en moyenne un peu plus grands qu'il y a 30 ans, ils sont également beaucoup plus lourds. Alors que la taille a augmenté de 2 % durant cette période, le poids a explosé de 12 %, « ce qui vient appuyer l'augmentation importante de la prévalence du surplus de poids chez les jeunes Québécois », peut-on lire dans l'étude.

EXPLOSION DE L'OBÉSITÉ

Selon les données concernant l'indice de masse corporelle, environ deux jeunes sur trois ont aujourd'hui un poids normal. Mais près de 25 % sont en situation de surplus de poids et présentent donc un embonpoint ou une obésité. Il y a 30 ans, seulement 12 % des jeunes étaient en surplus de poids. « Il y a une augmentation certaine des cas de surpoids depuis 30 ans chez les jeunes au Québec », confirme Jérôme Martinez, chef d'unité scientifique à l'INSPQ.

UN ENJEU DE TAILLE

En plus de l'indice de masse corporelle, les chercheurs ont analysé la progression de « l'adiposité abdominale » des jeunes. Ces données sur le tour de taille sont de première importance. « Car l'obésité abdominale est le plus grand facteur de risque des maladies cardiovasculaires et du diabète », note M. Martinez. Conseillère scientifique à l'INSPQ, Marie-Claude Paquette explique qu'aucun consensus scientifique n'existe encore pour déterminer à partir de quel tour de taille un enfant est plus à risque d'avoir des problèmes de santé. « Mais pour l'étude, nous avons utilisé les mêmes valeurs que celles utilisées au Canada, aux fins de comparaison », dit-elle.

PLUS DE JEUNES À RISQUE

Depuis 30 ans, le tour de taille moyen des jeunes a augmenté de 2,5 cm. Si bien qu'aujourd'hui, 14,7 % des jeunes sont à risque accru ou élevé de souffrir de problèmes de santé à cause de leur adiposité abdominale. Il y a 30 ans, seulement 4,3 % des jeunes étaient dans cette situation.

LES FILLES DAVANTAGE TOUCHÉES

Les filles sont nettement plus nombreuses à présenter un tour de taille trop élevé au Québec, montrent les données de l'INSPQ. Alors que 23 % des jeunes Québécoises ont un tour de taille à risque élevé ou accru, seulement 7 % des garçons sont dans la même situation. « Il n'y a pas vraiment d'explication scientifique pour ça », explique Mme Paquette, qui ajoute toutefois que la situation est semblable dans de nombreux pays du monde.

UNE SITUATION STABLE, MAIS...

Depuis 2004, il semble que la prévalence du surplus de poids chez les jeunes Québécois se soit stabilisée. Une situation qu'on constate également dans d'autres pays, dont les États-Unis. M. Martinez souligne toutefois que d'autres données seront nécessaires pour confirmer cette tendance. Si on peut se réjouir de cette stabilisation, Mme Paquette indique que les taux d'obésité et de surpoids sont « tout de même très élevés » et qu'il est important de poursuivre les efforts de prévention. Selon elle, les approches « qui modifient l'environnement » sont les plus efficaces pour lutter contre le surpoids et l'obésité. « Ça prend des actions dans différents milieux, notamment en adoptant des politiques alimentaires dans les écoles, en valorisant le transport collectif... L'environnement change les choix individuels », dit-elle.