Des membres et ex-membres de la Gendarmerie royale du Canada (GRC) semblent prendre goût à la marijuana à des fins médicales. Des documents obtenus par La Presse indiquent que le nombre d'utilisateurs, la quantité réclamée et les coûts ont constamment augmenté au cours des dernières années.

L'an dernier (2015-2016), 47 membres ou ex-membres de la GRC se sont ainsi fait rembourser l'achat de 26,08 kg, pour un total de 272 000 $. Cette quantité équivaut à 554 g par personne en un an, ou 1,5 g par jour.

L'année précédente, 20 bénéficiaires s'étaient fait rembourser l'achat de 7,4 kg, pour un total de 64 000 $. Cette quantité revenait à une moyenne de 370 g par personne en un an, soit environ 1 g par jour. L'année d'avant, les réclamations n'avaient atteint que 8000 $.

Ces données divulguées en vertu de la Loi sur l'accès à l'information visent le programme de soins de santé géré par le ministère des Anciens Combattants du Canada (ACC). Ce régime ne couvre que les membres ou ex-membres (policiers ou civils) de la Gendarmerie royale qui ont subi des blessures liées au travail. Les autres retraités ou membres actifs ne peuvent se faire rembourser les frais de la marijuana à des fins médicales s'ils décident d'y avoir recours.

«Tous les membres actifs qui se font prescrire de la marijuana à des fins médicales ont la responsabilité d'informer immédiatement le médecin-chef divisionnaire et de s'abstenir immédiatement d'effectuer des tâches opérationnelles», explique Annie Delisle, porte-parole de la GRC.

«Seuls les retraités couverts par le régime d'Anciens Combattants [blessés en service] peuvent se faire rembourser la marijuana médicale. Les membres à la retraite qui n'ont pas d'affection médicale liée à leur travail ne peuvent pas se faire rembourser la marijuana médicale.»

En 2015-2016, 5200 membres ou anciens membres de la GRC étaient couverts par ce régime d'ACC.

La question demeure sensible au sein du corps policier fédéral: en 2013, un policier en arrêt de travail aux prises avec un syndrome de stress post-traumatique s'était vu retirer son uniforme pour avoir été filmé en train de fumer du cannabis à des fins médicales. La photo de Ron Francis tirant sur un joint dans sa tunique rouge et coiffé de son chapeau stetson avait fait le tour des médias. Il a expliqué qu'il souhaitait attirer l'attention sur le manque de traitements pour ce type de problème au sein des forces.

Populaire aussi chez les anciens combattants

Le recours à la marijuana médicale a aussi augmenté dans la population en général, et les anciens combattants eux-mêmes ne font pas exception. Selon un récent reportage de la CBC, plus de 20% des remboursements payés par le gouvernement fédéral pour leur régime d'assurance médicaments visaient de la marijuana médicale en 2015-2016, pour un total de 20 millions. Ce montant était de 12 millions l'année précédente et de 400 000 $ celle d'avant. Le vérificateur général Michael Ferguson a recommandé au printemps que le gouvernement se penche sur la situation. Ottawa s'est engagé à le faire.

- Avec William Leclerc