Après 23 ans d'existence, le Comité d'adaptation de la main-d'oeuvre (CAMO) pour personnes handicapées fermera ses portes le 31 août. La Commission des partenaires du marché du travail, son seul bailleur de fonds, n'a pas renouvelé l'entente de financement.

«Nous avons le sentiment que cette fermeture causera un important préjudice aux personnes handicapées dans leurs démarches de formation et d'intégration en emploi», a déclaré en entrevue Claude Séguin, directeur général de CAMO pour personnes handicapées. Ne voulant pas faire d'esclandre, il a discrètement publié la nouvelle mardi sur le site internet de l'organisme.

Le CAMO, qui recevait un financement public annuel de 520 000 $, avait pour mission de favoriser l'accès à la formation et à l'emploi des personnes handicapées, notamment en sensibilisant et informant les gestionnaires d'entreprises. Sept personnes perdent leur emploi.

«La décision de fermer le CAMO est le fruit de plusieurs réflexions, indique Florent Francoeur, président de la Commission des partenaires du marché du travail.  On a réalisé qu'il y avait un problème de représentativité des personnes handicapées au sein de la clientèle et que, durant les sept dernières années, les effets structurants d'intégration n'étaient pas là.»

La Commission des partenaires du marché du travail préfère transférer son investissement dans des services directs aux personnes handicapées, souligne M. Francoeur. Des initiatives régionales seront financées à la hauteur de 450 000 $ par année, tandis qu'un comité consultatif (70 000 $ par année) permettra de repérer les embûches à l'embauche de personnes handicapées. Informé en novembre de sa fermeture imminente, le CAMO a néanmoins bénéficié d'une période de transition afin d'honorer ses engagements.

UNE «LOURDE PERTE»

L'organisme Ex aequo, qui se consacre à la promotion et à la défense des droits des personnes ayant une déficience motrice, qualifie cette fermeture de «lourde perte». 

«C'est fondamental, ce qu'on a perdu. CAMO avait une mission unique, c'était une interface rare entre les personnes en situation de handicap et les entreprises de tous les secteurs», indique Benoît Racette, organisateur communautaire.

«En 2005, 55 % de la population de 15-64 ans en situation de handicap disposait de revenus annuels de moins de 15 000 $, selon l'Institut de la statistique du Québec », rappelle M. Racette. La meilleure façon de sortir ces personnes de la pauvreté est de favoriser leur employabilité, insiste-t-il. « On a toute une génération d'élèves qui arrivent aux portes du marché du travail. On ne doit pas les laisser tomber. Ils ont beaucoup à offrir.»

 «Le marché du travail a évolué, les employeurs sont beaucoup plus réceptifs aujourd'hui, laisse entendre M. Francoeur. Est-ce que le CAMO, créé il y a 20 ans, répond aux besoins d'aujourd'hui ? On a conclu que le retour sur l'investissement n'était pas suffisant.»

Au CAMO, on accueille la nouvelle avec perplexité. « Plusieurs partenaires de divers horizons ont salué notre travail, ont défendu notre cause. Mais la décision est sans appel, regrette M. Séguin. Qui prendra la relève de notre mission ? Aucun organisme ne s'est manifesté. » Plusieurs avancées seront vite oubliées, craint-il.