Ottawa doit intervenir de toute urgence pour empêcher le Québec d'imposer des frais accessoires aux patients, selon le député de Québec solidaire Amir Khadir.

Dans une lettre de trois pages expédiée vendredi à la ministre fédérale de la Santé, Jane Philpott, qu'il qualifie d'«alliée» dans son combat contre la privatisation de la santé, M. Khadir implore Ottawa de faire respecter la Loi canadienne de la santé, selon lui bafouée par Québec et son ministre Gaétan Barrette, parrain de la loi 20.

Un des objectifs de la loi, adoptée cette semaine, vise à encadrer le recours aux frais accessoires imposés aux patients dans les cabinets de médecins.

Selon Québec solidaire - tout comme le Parti québécois et la Coalition avenir Québec - ces frais constituent une brèche inadmissible aux principes de la gratuité, de l'accessibilité et de l'universalité des soins de santé, pourtant garantis légalement au Québec et au Canada.

M. Khadir, lui-même médecin, adopte un ton alarmiste, en se posant en fougueux détracteur de la privatisation «croissante» des soins de santé au Québec.

La situation est «grave», selon le député. «Je m'adresse donc à vous avec un sentiment d'urgence», écrit-il, dénonçant la loi québécoise, qui «transgresse» la loi fédérale, en permettant que des frais soient facturés aux patients pour des services déjà assurés.

Le député de Mercier exhorte la ministre Philpott à utiliser la manière forte et à «contraindre» le ministre Barrette à assurer la gratuité des services de santé assurés.

«Vous êtes la gardienne des grands principes qui guident notre système de santé», rappelle le député à la nouvelle ministre Philpott, elle-même médecin.

Il dit craindre par ailleurs que la situation actuelle invite Ottawa à réduire les transferts fédéraux en santé destinés au Québec.

Pendant ce temps, en Chambre, la députée péquiste Diane Lamarre, porte-parole en santé, a contesté durant deux heures le choix du ministre Barrette de permettre le recours aux frais accessoires, un «scandale», selon elle.

La députée est d'avis elle aussi qu'il s'agit d'une atteinte au concept d'universalité et de gratuité des soins de santé au Québec.

Elle a fait valoir que le gouvernement libéral n'avait pas reçu de la population le mandat de privatiser notre système de santé, ni d'attaquer «les fondements mêmes» du réseau.