Alors que les audiences sur le projet de loi 44, qui vise à restreindre davantage l'usage du tabac, débuteront demain, au moins 174 municipalités ont joint leur voix à celle des intervenants de la santé pour demander au gouvernement d'être beaucoup plus strict en demandant des emballages neutres pour les paquets de cigarettes et en interdisant de fumer sur les terrains de jeux pour enfants.

Ces 174 villes, dont Montréal, appuient la campagne de la Coalition québécoise pour le contrôle du tabac (CQCT) et de la division du Québec de la Société canadienne du cancer, qui demandent au gouvernement de s'engager à réduire de 10 % le taux de tabagisme dans la population québécoise d'ici 10 ans.

«C'est tout à fait faisable», a souligné la Dre Geneviève Bois, de la CQCT. D'autres villes pourraient venir grossir les rangs de la mobilisation.

«Le prix du tabac au Québec est le plus bas au Canada à cause du taux de taxation», a souligné le conseiller municipal montréalais Marvin Rotrand, lors d'une conférence de presse à l'hôtel de ville. Le conseiller n'exclut pas d'élargir le débat sur le prix des cigarettes.

Interdiction de fumer sur les terrasses

Le projet de loi 44 tel que déposé par la ministre déléguée à la Santé publique, Lucie Charlebois, interdirait notamment de fumer sur les terrasses ou dans les voitures en présence d'un enfant de moins de 16 ans. La cigarette électronique serait assimilée au tabac et la vente de tabac aromatisé serait interdite.

Rien n'empêche les administrations municipales d'interdire la cigarette dans les parcs municipaux, mais M. Rotrand croit qu'il sera beaucoup plus efficace d'avoir des règles uniformes pour l'ensemble de la province.

«C'est un excellent projet de loi, mais on l'attend depuis trop longtemps, il aurait dû être déposé il y a cinq ans [...]. Toutes les mesures sont des demandes de longue date des groupes de santé, mais il y a des éléments manquants», a souligné la Dre Bois. M. Rotrand ajoute que le Québec accuse maintenant un retard par rapport aux législations des autres provinces.

Au sujet des emballages neutres, la Dre Bois affirme que les paquets ont parfois la forme de boîtiers de rouge à lèvres. «Ils sont bleus, mauves ou brillants, c'est très joli et ça ne devrait pas l'être, c'est un produit qui est mortel», dit-elle.

Chaque semaine, 250 jeunes commencent à fumer, a précisé Geneviève Berteau, de la division du Québec de la Société canadienne du cancer. Micheline Bélanger, une ancienne fumeuse qui a survécu à un cancer du poumon, a rappelé l'importance d'intensifier la sensibilisation aux dangers du tabac auprès des jeunes. «Quand j'ai reçu mon verdict de cancer, la première chose à laquelle j'ai pensé, c'est que j'allais en mourir et je me suis demandé: "Est-ce que j'allais être capable d'arrêter de fumer ?" Si ce n'est pas de la misère noire [...], je ne sais pas ce que c'est.»