Le bras de fer opposant les pharmaciens propriétaires et le ministre de la Santé Gaétan Barrette sur la tarification de nouveaux actes est terminé. Les deux parties ont conclu une entente de principe vendredi après-midi pour mettre fin à cette saga qui perdure depuis 2011.

Dès samedi, les Québécois profiteront d'une véritable révolution dans les pratiques des pharmaciens. Ils pourront dorénavant se présenter en pharmacie, sans avoir vu un médecin, pour se faire par exemple ajuster une ordonnance ou se faire prolonger une ordonnance rédigée par un médecin. C'est au total sept nouveaux actes qui pourront être pratiqués par les pharmaciens. «C'est tous les Québécois qui vont en bénéficier», se réjouit l'attachée de presse du ministre de la Santé, Joanne Beauvais. «Ils n'auront rien à payer pour avoir accès à ces actes, sauf la contribution de l'usager. Par exemple, ils pourront recevoir un contraceptif et l'ordonnance va être facturée à la RAMQ ou à leur assureur privé. Le pharmacien ne leur demandera pas quelques dizaines de dollars», assure-t-elle. 

Les pharmaciens seront rémunérés pour quatre des sept actes permis, dont la prescription d'un médicament pour des maladies mineures comme une nausée ou une infection urinaire et la prescription d'un médicament qui ne nécessite aucun diagnostic. Au départ, seuls trois actes devaient être payés par Québec, mais un quatrième a finalement été concédé aux pharmaciens au terme des négociations, a souligné Mme Beauvais. L'Association québécoise des pharmaciens propriétaires (AQPP) doit toutefois entériner l'entente dans les prochains jours et n'a pas voulu émettre de commentaire.

Les pharmaciens ne seront toutefois pas rémunérés pour trois actes maintenant autorisés. Il s'agit de la prescription d'analyses de laboratoire, la substitution de médicament en cas de rupture d'approvisionnement et l'administration d'un médicament pour en démontrer l'usage au client.

Le projet de loi 41, qui encadre ces nouveaux actes, avait été déposé en décembre 2011 par l'ancien gouvernement libéral. Son entrée en vigueur prévue en septembre 2013 a toutefois été repoussée aux calendes grecques, faute d'entente entre Québec et l'AQPP. Le projet de loi 28 sur l'équilibre budgétaire, adoptée sous bâillon en avril dernier, a ensuite mis le feu aux poudres. En échange de trois nouveaux actes rémunérés, les pharmaciens subissaient une réduction de 177 millions de dollars en honoraires. Dans son mémoire déposé cet hiver auprès de la Commission des finances publiques, l'AQPP évaluait l'impact pour une pharmacie à 100 000 $ en perte de revenu annuel.  

On ignore pour le moment à combien s'élèveront les honoraires des pharmaciens pour chacun de ces actes. L'ampleur des compressions que subiront les pharmaciens demeure aussi inconnue