Gaétan Barrette juge que son autorité morale demeure intacte malgré la crise qui a secoué le CHUM. Le ministre de la Santé n'a aucun regret concernant son intervention auprès de Jacques Turgeon, intervention qui a été à l'origine de la démission du patron du CHUM.

M. Turgeon est finalement retourné à son poste la semaine dernière, à la suite d'une intervention du premier ministre Philippe Couillard.

M. Barrette considère que cet épisode ne l'a pas « affecté ». « Affecté ? Non. Je suis très serein et prêt au combat! » a lancé le ministre mardi, à l'entrée de la commission parlementaire sur le projet de loi 20 concernant les quotas imposés aux médecins. Il commentait pour la première fois le retour en fonction de Jacques Turgeon.

« C'est un dossier qui est clos, et je regarde vers l'avant. Et je considère que j'ai toute l'autorité morale » pour exercer les fonctions de ministre de la Santé, a-t-il soutenu. L'opposition à l'Assemblée nationale exige sa démission.

La « leçon » que M. Barrette tire de cette affaire, « c'est qu'on peut avoir des crises qui sont courtes et qu'on puisse les régler rapidement ».

Il n'a exprimé aucun regret quant à son comportement. « La seule chose que je regrette, c'est que le CHUM ne fonctionne pas à la perfection à l'interne. Et si le CHUM fonctionnait à la perfection à l'interne, je n'aurais pas eu d'appels de qui que ce soit, et je n'aurais pas eu à avoir les conversations que j'ai eues, et c'est ce qui est dommage. C'est une leçon aussi pour les gens à l'intérieur du CHUM. (...) Il est temps pour eux de travailler pour l'institution d'abord et de faire en sorte que le CHUM soit un succès. Et je suis convaincu que ça peut l'être », a-t-il affirmé.

Il ne faut pas s'attendre à un changement d'attitude ou de ton de sa part. « La question ici c'est : est-ce que dans le futur je vais agir avec la même détermination ? Non seulement la réponse est oui, mais on me le demande! » a-t-il lancé. « M. Turgeon lui-même s'attend à ce que je continue à montrer la même détermination dans le futur, et je peux vous assurer que je vais le faire. »

Il a souligné que M. Turgeon « considère qu'il y a eu mésentente et mésinterprétation dans nos propos respectifs, et on va de l'avant. »

Gaétan Barrette justifie toujours son intervention pour bloquer la nomination du Dr Fred Saad à la tête du département de chirurgie parce qu'une enquête policière pour fraude vise une de ses anciennes employées. Il soutient qu'il n'a pas demandé la nomination du Dr Patrick Harris - M. Turgeon prétendait le contraire.

« La première intervention a été à l'effet qu'il y avait peut-être une situation légale dommageable pour l'institution. Quand ça arrive sur le bureau d'un ministre, c'est l'équivalent d'une alerte.  Et si un ministre est critiqué pour poser des questions dans ces circonstances-là, ça va mal! Il y a des circonstances où il pouvait être justifié pour un ministre de poser des questions. C'est ce qui a été fait », a soutenu M. Barrette.

Il nie que le projet de loi 10, adopté sous le bâillon, lui confère maintenant trop de pouvoirs. « Il va de soi qu'il y a un lien qui doit exister entre un ministre et son réseau. Et lorsque des éléments sont soulevés, il arrive des circonstances où un ministre doit intervenir. Et ça se peut que ça arrive encore », a-t-il dit.